Face à des législations rudimentaires et un essor sans précédant des flux informatiques, les pays africains n’ont d’autre choix que de faire bloc aux niveaux institutionnel, juridique et technologique, pour contrer les menaces sécuritaires découlant de la cybercriminalité, ont-ils relevé lors d’une séance plénière sur "L’Afrique face à la cybercriminalité et au cyber-terrorisme".
L’essor numérique débridé et la désuétude de l’arsenal juridique ont érigé l’Afrique en une terre de prédilection pour la cybercriminalité et son corolaire le cyber-terrorisme, a indiqué le directeur du Centre satellitaire de l’Union européenne, Pascal Legai.
Protéiforme, le cyber-crime en Afrique mute, change en fonction des cibles et, pis encore, s’affranchit de toutes les juridictions, a-t-il fait remarquer, soulignant l’inéluctabilité "d’agir vite et de se coordonner" pour colmater les failles.
De par sa nature transfrontalière, la cybercriminalité est difficile à contrôler, d’où la nécessité, pour les Etats africains, d’harmoniser les politiques et législations nationales pour apporter une réponse normalisée aux menaces qui en découlent, a encore dit M. Legai.
Pour lui, "la communauté internationale est invitée à porter main forte à l’Afrique pour affûter ses mécanismes cyber-sécuritaires".
De son côté, le directeur de l’Organe de coordination belge pour l’analyse de la menace (Belgique) Vandoren André a mis l’accent sur le risque que recèle le cyber-terrorisme comme étant un outil nouveau permettant aux groupes terroristes de repérer, d’incuber et d’enrôler des jeunes, "majoritairement paumés".
La méthodologie de l’Etat islamique est une illustration on ne peut plus claire de la "propagande jihadiste" sur la toile, cette organisation ayant réussi à développer de nouveaux modus operandi, avec à l’appui une maitrise avérée de l’outil informatique et une armada de connaisseurs en la matière.
Les plateformes informatiques de l’EI sur le web constituent des pépinières de jihadistes, a-t-il indiqué, ajoutant que les Etats doivent agir, avec célérité, pour concevoir des politiques à même de détecter les "niches d’embrigadement" et d’assurer une traçabilité des entités et des éléments d’obédience extrémiste.
Notant que l’Afrique compte quelque 200 millions d’internautes, le directeur du London Academy of diplomacy (Malte), Mifsud Joseph, a, quant à lui, jugé nécessaire et vitale la mise en place d’une plateforme de partage d’informations aux niveaux régional et sousrégional, "en vue de progresser vers une normalisation totale des politiques cyber-sécuritaires en Afrique".
Selon lui, il est aussi question de penser des actions proactives et des dispositifs d’anticipation, les cybercriminels étant toujours en avant par rapport à leurs traqueurs.
"C’est une confrontation asymétrique", a-t-il résumé, précisant qu’en Afrique, ce constat est encore plus patent à cause de la vulnérabilité des systèmes informatiques.
La 6ème édition du Marrakech Security Forum (13-14 février courant), qui se tient sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, sous le thème "L’Afrique face aux menaces transnationales et asymétriques", sert de tribune pour quelque 300 hauts responsables civils, militaires, sécuritaires, experts et représentants d’organisations internationales pour stimuler une meilleure compréhension de thématiques clés pour le devenir du continent africain.