Libye : Espions, formateurs ou affairistes
Après la mort du Français Pierre Marziali en Libye, dans la nuit de mercredi à jeudi, de nombreuses questions se posent sur la société de sécurité dont il était le patron. Pour les insurgés libyens, les Français étaient des espions à la solde de Mouammar Kadhafi.
Plusieurs hypothèses sont envisageables. Cet ancien du 3e RPIMA était-il en Libye, comme l’a assuré le vice-président de la société, Robert Dulas, dans un entretien à Libération, car "le CNT nous a demandé de faire de la formation"? Ou alors, comme le laissent entendre les insurgés, Pierre Marziali était-il un espion à la solde de Mouammar Kadhafi? "Le soir du 11 mai, les forces locales de sécurité à Benghazi ont reçu l’ordre d’arrêter un groupe de 5 Français menant des activités illicites qui mettaient en danger la sécurité de la Libye libre", dit le Conseil national de transition (CNT), l’instance dirigeante de la rébellion, dans un communiqué. "Ces hommes avaient été sous surveillance depuis un certain temps", ajoute le CNT. "Une possibilité est qu’ils aient été engagés comme espions par le régime de Kadhafi", a déclaré ensuite à l’AFP un porte-parole de la rébellion.
Du côté de la Secopex, la version des faits est diamétralement différente. Dans un communiqué, la société assure que ses employés et son patron étaient "en contact" avec la rébellion qui avait demandé "un soutien en formation et en matériel". La société assure que Marziali a été tué, "lors d’un contrôle, alors qu’il sortait d’un restaurant en compagnie de ses collaborateurs, dont on est toujours sans nouvelle". Moustafa Gheriani, un porte-parole du CNT, assure quant à lui avoir rencontré les cinq français "il y a dix jours à l’hôtel Tibesty", à Benghazi et ces derniers lui auraient alors déclaré chercher des contrats dans le domaine de la sécurité en Libye et vouloir entraîner les rebelles. Et pour ajouter encore un peu de flou à une affaire qui n’en manque pas, la société Secopex aurait, selon des sources spécialisées dans les milieux de la sécurité privée, à plusieurs reprises suscité l’intérêt des services de renseignement français.