Nicolas Sarkozy qui tout au long des ces derniers jours n’a pas tari d’éloges sur son ministre des affaires étrangères, l’a chargé d’une mission diplomatique d’une grande délicatesse: vérifier auprès des partenaires israéliens et palestiniens si la pertinence de tenir la rencontre juin était politiquement toujours en vigueur.
A l’origine, ce sommet de Paris devait être une point d’étapes dans l’organisation de l’aide économique internationale destinées à aider l’autorité palestinienne. Nicolas Sarkozy ambitionne de la transformer en vraie sommet politique où d’historique décisions, notamment sur la physionomie du futur Etat palestinien sont susceptibles d’être prise, sinon actées.
Pour cela, Alain Juppé doit convaincre israéliens et palestiniens de revenir à la tabelle des négociations . Il s’agit pour lui d’arracher des concession aux uns et aux autres pour relancer un dialogue politique tombé en panne depuis que Benyamin Nethanyahou avait fait de la poursuite de colonies dans les territoire palestiniens l’unique ambition de sa politique.
Cette impasse avait poussé les palestiniens à envisager de recourir à une autre arme politique, celle d’envisager de déclarer indépendant leur Etat Palestinien sur les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale, de le soumettre à l’Assemblée Générale des Nations Unies lors de sa prochaine session de septembre et de solliciter par la même occasion une reconnaissance internationale.
Alors que par le passé, ce projet unilatéral pouvait apparaitre comme une provocation inutile qui renforce d’avantage l’autisme des autorités israéliennes, les palestiniens ont été surpris par la compréhension et les échos favorables qu’une telle démarche a suscités en Europe en General et à Paris en particulier.
La diplomatie française s’est dite prête à reconnaitre ce futur Etat palestinien indépendant si les partenaires de cette paix israélo-palestinienne échouaient à reprendre le fil du dialogue pour aboutir à une solution consensuelle. Le constat de Paris est qu’il faut absolument sortir de cette impasse du statu quo.
Dans les différentes déclarations diplomatiques françaises sur le sujet, qu’elles soient prononcées par Nicolas Sarkozy ou Alain Juppé, la menace de reconnaitre cet Etat palestinien fonctionne d’avantage comme une incitation à revenir à la table des négociations que comme une prise de position définitivement arrêtée.
Dans sa tournée au Proche Orient, Alain Juppé qui mène dans cet exercice sa première mission à hauts risques, aura à surmonter deux grands obstacles. Le premier est en direction des israéliens: Comment convaincre Benyamin Nethanyahou de baisser le niveau de ses exigences et de reprendre le chemin de la négociation, lui qui vient de faire un tabac dans son propre pays avec la posture de refus et de défi qu’il avait observée lors de sa récente visite à Washington. Et ce alors même le président américain avait donné pour la première fois l’impression de se rallier à l’hypothèse de l’installation d’un Etat palestinien sur les frontières de 1967, position qui avait été saluée par le monde entier.
Le second obstacle est en direction des palestiniens. Même s’il ne rencontre aucune personnalité du Hamas alors que Paris vient de saluer avec des mots appuyés le processus de réconciliation palestinienne, Alain Juppé aura à coeur de tenter de convaincre ses interlocuteurs de l’autorité palestinienne qu’une des piste pour faire bouger les lignes est de persuade le Hamas de modifier son approchait et son langage sur sa disponibilité à reconnaitre l’Etat hébreu et à abandonner ce que les israéliens considèrent comme une posture belliqueuse et terroriste. Alain Juppé lui même l’a dit: "Essayons de faire évoluer le Hamas, qui aujourd’hui reste une organisation terroriste, vers la renonciation à la violence et au terrorisme et vers la reconnaissance de l’Etat d’Israël ; c’est dans cette direction qu’il faut travailler".
De ces performances dépend le succès de la mission d’Alain Juppé au Proche Orient. A son retour, il fera un rapport détaillé à Nicolas Sarkozy sur la base duquel le President de la république décidera du sort et de l’ordre du jour du sommet de Paris sur la question palestinienne.