Le 17 décembre 2010, Mohamed Bouazizi, un marchand ambulant de fruits et légumes, s’est immolé par le feu pour dénoncer le harcèlement policier dont il faisait l’objet.
Ce qui aurait pu rester un fait divers a été l’élément déclencheur d’une révolution, car le centre de la Tunisie souffrait de la pauvreté, du chômage, de la corruption et de la répression.
Un an plus tard, Sidi Bouzid constate que la démocratie a trouvé sa place en Tunisie mais qu’elle n’a amené ni prospérité, ni emplois.
Les Tunisiens ont mis moins d’un mois à renverser le président Zine ben Ali. Par la suite, Hosni Moubarak a quitté le palais présidentiel du Caire, le régime de Mouammar Kadhafi en Libye est tombé et le président yéménite Ali Abdallah Saleh a fini par céder son pouvoir.
Le Syrien Bachar al Assad est lui aussi confronté à une révolte qui prend progressivement la forme d’une insurrection armée, et des manifestations ont eu lieu dans d’autres pays de la région, apportant des avancées démocratiques ou sociales.
"C’est une journée de joie. Sidi Bouzid a longtemps été négligée et elle est aujourd’hui devenue la capitale du monde entier", dit un jeune homme, Emad.
"Le 17 décembre dernier, le monde arabe a tourné une nouvelle page de l’Histoire, c’est vraiment une source de fierté."
Dignité
Manoubia Bouazizi, la mère de Mohamed, a dû quitter sa ville sous la pression. Elle se fait le porte-voix des déçus de la révolution: "(Mon fils) s’est immolé pour offrir la liberté à la Tunisie et au monde arabe (…) Je demande aux responsables gouvernementaux de se soucier des régions pauvres et de donner des emplois aux jeunes."
Une statue géante de Bouazizi a été dévoilée par le nouveau président Moncef Marzouki, qui a fait de la prison sous Ben Ali,
et le Premier ministre, l’islamiste Hamadi Jebali.
Les célébrations se poursuivront tout le week-end avec la visite de personnalités du monde entier dont l’opposante yéménite Tawakul Karman, co-lauréate du prix Nobel de la Paix 2011.
"Sidi Bouzid, qui a souffert d’être marginalisée, a rendu leur dignité aux Tunisiens. Nous nous sommes engagés à rendre leur joie de vivre à ces régions", a dit Moncef Marzouki, l’ancien opposant désigné président cette semaine.
L’économie tunisienne a souffert de la révolution qui a éloigné les touristes et investisseurs étrangers. Ces dernières semaines, des émeutes ont eu lieu dans plusieurs villes, notamment à Sidi Bouzid.
Depuis que Mohamed Bouazizi s’est immolé par le feu, le taux de chômage est passé de 13 à 18,3%, selon la banque centrale tunisienne. Chez les jeunes, il est bien plus élevé.
Le taux de croissance, qui était de 3% du produit intérieur brut en 2010, a chuté à 0,2% en 2011 mais devrait, selon le gouvernement, rebondir à 4,5% en 2012.
"Honorer Sidi Bouzid, c’est bien, mais nous avons besoin de travailler, seuls les emplois peuvent nous rendre notre dignité", dit Nabila Abidi, diplomée de l’université. "Les gens ont besoin de pain, pas d’un instrument de musique pour s’amuser", poursuite-elle.
Mansour Amadou, autre habitant de Sidi Bouzid, demande quant à lui au gouvernement "d’entendre le message (…) ou la révolution reviendra".