Algérie: un caricaturiste poursuivi par son employeur pour un dessin sur Bouteflika
Un caricaturiste d’un journal algérien est poursuivi par son employeur pour un dessin jamais publié évoquant « la maladie du chef de l’Etat », rapporte jeudi la presse locale, soulignant que le mis en cause vient d’être inculpé et placé sous contrôle judiciaire à Oran.
"Mais là où l’affaire devient des plus incroyables et risque de constituer un grave précédent dans les annales des atteintes à la liberté de la presse, c’est que ladite caricature n’a jamais été publiée par le journal ni sur les réseaux sociaux", s’exclame le quotidien +Liberté, faisant remarquer qu’"il y aurait un corps de délit qui serait en réalité inexistant du point de vue du droit".
Dans cette affaire rocambolesque, on est face à deux versions aussi invraisemblable l’une que l’autre. La direction du quotidien évoque un conflit avec son employé pour 7 années de salaires impayés, raison pour laquelle il a tenté de nuire au journal en essayant de faire passer à leur insu la caricature.
L’autre version des faits: "Nous étions deux caricaturistes. L’un travaillait pour la Voix de l’Oranie et l’autre pour Sawt El Gharb. Je me suis retrouvé à travailler seul pour les deux mais avec le même salaire. Nos tentatives de joindre la direction de ces deux quotidiens sont restées vaines", a raconté Djamel Ghanem au site d’information "TSA".
Au quotidien +Le Soir d’Algérie+, le concerné a raconté: "La caricature en question a été visionnée par le rédacteur en chef par intérim (via intranet) et lorsque le lendemain il m’a questionné sur son contenu, je lui ai expliqué que la caricature n’était pas destinée au journal".
L’affaire de Djamel Ghanem intervient après celle du blogueur Abdelghani Alaoui, poursuivi en justice après la publication sur son compte Facebook, de photomontages et de caricatures du chef de l’Etat et du Premier ministre.
La semaine dernière, l’organisation Reporters sans frontières (RSF) a souligné que la condamnation d’un journaliste algérien, Rabah Benamghar, pour diffamation d’un élu local "constitue une menace importante pour la liberté de l’information", pressant les autorités de ce pays à "réformer le texte portant sur le statut des journalistes".