Viande de cheval : les plats retirés pourront être redistribués aux associations, polémique en vue
Le président du secours catholique s’est choqué que les plats cuisinés qui ont été retirés de la vente en raison de la fraude sur la viande de cheval soient redistribués aux associations caritatives. Ce qui est inacceptable pour les uns, est-il acceptable pour les pauvres?, s’est-il interrogé vendredi matin sur Europe1. Le Secours populaire et la Banque alimentaire ne sont du même avis.
Les autorités sanitaires ont donné leur feu vert. "C’est maintenant aux associations de décider si oui ou non elles acceptent ces dons, a expliqué le ministre. Pour les plats surgelés ça nécessite des camions frigorifiques et donc des coûts. On peut donc comprendre que des associations refusent. En tout cas ceux qui bénéficieront de ces plats devront être informés de ce qu’ils vont manger, et qu’on leur dise qu’il s’agit de viande de cheval."
Un règlement prévoit bien ce type de dons pour des produits qui ont connu un défaut d’étiquetage, à condition que les associations et les personnes consommant ces plats soient bien informées de la composition exacte de ces denrées. En revanche, comme le soulignait vendredi dernier Matthieu Lambeaux, le directeur général de Findus, sur Europe 1, ces produits ne peuvent pas être vendus.
Les plats retirés de la vente sont actuellement stockés dans des chambres froides. Les associations vont devoir s’organiser localement pour récupérer les produits. Et cela aura un coût : transporter les produits en camions frigorifiques, les stocker en chambre froide. "On est prêts à prendre en compte toutes ces distributions", assure Julien Lauprêtre, président du Secours populaire, même si "le stockage et le transport des marchandises frigorifiés coûtent très chers. Il va falloir trouver des moyens nouveaux. Nous allons faire appel aux communes, aux départements, aux régions pour qu’ils nous aident financièrement". Le président de la Banque alimentaire, Alain Seugé, assure de son côté avoir "la capacité logistique à traiter la question" : "nous avons 97 antennes, 100.000 mètres carrés d’entrepôts, 7.000 mètres cubes de chambre froide", détaille-t-il.
Pour Alain Seugé, c’est là la vraie question : "les personnes en situation de fragilité sont plus sensibles à cet aspect stigmatisant. Donc j’anticipe quand même une certaine réticence lorsqu’on leur donnera des produits que le reste de la population ne veut pas". Mais au Secours populaire, des bénéficiaires interrogés ont pour la plupart indiqué être d’accord pour consommer ces plats. Le président de l’association Julien Lauprêtre, se montre d’ailleurs ferme : "ce n’est pas de la marchandise qu’on vous donne parce que vous êtes pauvres. Non, vous avez droit à la dignité et à manger comme tout le monde."