Tunisie: deuxième jour d’auditions de victimes de la dictature

La parole était de nouveau aux victimes de la dictature vendredi soir en Tunisie, au deuxième jour d’audiences publiques « historiques » six ans après la révolution.

C’est l’un "des héros du bassin minier", selon les termes de l’Instance Vérité et Dignité (IVD), qui organise l’évènement, qui a été le premier à s’exprimer en direct sur plusieurs télévisions.

Cette région du centre du pays, l’une des plus pauvres de Tunisie malgré sa richesse en phosphates, fut le théâtre en 2008 d’une insurrection réprimée dans le sang par le régime de l’ex-dictateur Zine El Abidine Ben Ali.

"En vérité, j’ai beaucoup hésité avant de faire ce témoignage", a dit le syndicaliste Béchir Laabidi.

Mais "je suis convaincu que l’histoire ne peut pas être écrite par les historiens de la cour. Notre histoire est falsifiée, elle a été écrite à la demande", a-t-il affirmé. Ce témoignage doit "rester pour nos enfants, pour notre génération, pour les chercheurs qui veulent connaître la vérité", a poursuivi M. Laabidi, arrêté et torturé pour son militantisme.

Jeudi soir, les mères de trois jeunes Tunisiens tués en janvier 2011, pendant le soulèvement contre Ben Ali, étaient venues témoigner devant des représentants de la société civile tunisienne et internationale et de partis politiques.

L’épouse et la mère d’un islamiste victime de disparition forcée leur ont succédé, avant un intellectuel islamiste et un opposant de gauche torturés respectivement sous Ben Ali et Habib Bourguiba, le père de l’indépendance.

D’autres auditions publiques sont prévues, a priori les 17 décembre et 14 janvier, selon l’IVD.

Ces deux dates sont hautement symboliques car elles marquent l’anniversaire de l’immolation par le feu du vendeur ambulant Mohamed Bouazizi, qui avait déclenché la révolution fin 2010, puis le départ pour l’Arabie saoudite du président déchu Ben Ali début 2011.

Créée fin 2013 pour faire la lumière, en cinq ans maximum, sur les multiples violations des droits de l’Homme de ces dernières décennies, l’IVD a aussi pour mission de réhabiliter les victimes et de leur octroyer réparation.

La période sur laquelle elle enquête s’étend de juillet 1955 à fin 2013. L’IVD dispose de très larges pouvoirs et a –en principe– un accès total aux archives publiques. Les crimes dont elle peut être saisie vont de l’homicide volontaire à la torture, en passant par le viol, les exécutions extrajudiciaires, la privation de moyens de subsistance et la violation de la liberté d’expression.

Source AFP

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