L’observateur étranger qui jette un regard sur la scène médiatique française, notamment télévisuelle, ne manquera pas d’être interloqué par les débats sur les chaînes françaises que suscite le séisme qui a frappé le Maroc et ses conséquences dramatiques. Emissions spéciales, Breaking news à répétition, couvertures en direct en flux tendu sont autant d’indicateurs que les secousses ont eu des répercussions jusqu’au fin fond des rédactions parisiennes.
Cet immense intérêt des médias français reflète sans doute la proximité entre les deux pays et la présence d’une forte communauté marocaine. Et puis le Maroc en général et la ville de Marrakech en particulier possède une sonorité qui la distingue de bien d’autres villes du monde. Mais l’explication de ce haut volume sonore ne s’arrête pas là.
Cet intérêt français global et multiple pour cette tragédie marocaine pousse les chaînes de télévision et leurs concepteurs éditoriaux à souvent épouser des angles d’explications et de pédagogie qui interpellent, interrogent et dérangent par leur côté condescendant et attentatoire à la souveraineté d’un pays comme le Royaume du Maroc.
Au centre de ce brouhaha médiatique, la question d’un pseudo refus du Maroc de l’aide française ne passe aux yeux des journalistes français. Alors que le Roi Mohammed VI a personnellement remercié tous les pays qui ont proposé leurs aides, tels que les Etats-Unis, la Belgique, Israël, la France, la Suisse, la Turquie, l’Inde…, les journalistes n’en démordent pas et s’indigent que le Maroc n’ait pas acquiescé sur le champ à l’offre d’aide de la France comme si la France est le seul pays à pouvoir sauver le Maroc. Ce déchainement a atteint des sommets jusqu’à s’ingérer directement dans la manière dont le Royaume gère ce terrible séisme.
Rompu à la gestion de crises comme celle exemplaire de l’épidémie du Covid, le Maroc poursuit une stratégie bien pensée en termes de gestion de cette catastrophe naturelle et du soutien internationale qu’elle a provoqué. Accepter les aides dans l’urgence aurait provoqué des situations chaotiques que des pays comme la Turquie ou Haïti ont vécu. La non-coordination et la précipitation ont fini par engendrer des situations de total blocage, où l’aide internationale était là mais dans l’incapacité de parvenir aux véritables lieux des sinistres.
La machine médiatique française a aussi ruminé pendant de longues heures avec des approximations, des fake news et même des extrapolations hors contexte, le supposé « silence » du Roi Mohammed VI face à cette tragédie. Habitués aux canons de la communication locale, ces chaînes s’interrogeaient à haute voix pour quelles raisons le souverain marocain ne s’est pas exprimé publiquement pour commenter ce triste événement, comme le ferait n’importe quel responsable politique français à travers un tweet ou une déclaration à la presse.
Ce que ces médias ont fait mine d’ignorer est que la parole royale, surtout dans une communication de crise comme celle que vit le Maroc, a été traduite par des actes et des actions avec effet immédiat. Cette parole a notamment été incarnée par une réunion au sommet, présidée par le Roi, avec des prises de décisions et de lancement d’urgence des opérations sur le terrain pour venir en aide aux victimes du séisme. Sur ce plan, la diligence royale fut à la hauteur de cette crise.
Le Maroc avec son savoir-faire incontestable et reconnue en matière de gestion de crise, avec son armée aguerrie, ses agents de la protection civile et son arsenal médical ont été immédiatement déployés sur place. Ils opèrent en parfaite coordination avec les équipes de sauveteurs dépêchés par l’Espagne, la Grande-Bretagne, le Qatar et les Emirats. Et c’est en fonction de l’évolution des opérations d’intervention et des besoins à venir que le Maroc pourrait être amené à avoir recours à des aides d’autres pays.
Il n’est donc pas certain que dans le contexte de tensions politiques entre Rabat et Paris, cette insistance répétée et publiques puissent atteindre ses objectifs.