« Pour gagner cette élection, il reste au président/candidat d’aller chercher les voix qui ont propulsé le candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon à la troisième place. Même si tout sépare le président sortant Emmanuel Macron de ce vieux routier de la politique, rompu à l’art de la rhétorique qui fait mouche et dont le programme généreusement radical et bigrement populiste a séduit plus 7 millions d’électeurs », a indiqué le politologue et islamologue, Abderrahim Hafidi, cité par le site d’information « Quid.ma ».
Il a noté que la qualification d’Emmanuel Macron et de la candidate du Rassemblement national, Marine Le Pen, au second tour du scrutin présidentiel est un résultat peu surprenant, vu les tendances publiées par les sondages tout au long de la campagne, relevant que la réalité est cependant plus nuancée.
En effet, cette élection, au-delà de son actualité factuelle, représente un moment singulier de la France qui, au fond, en dit long sur l’état de la démocratie française, a noté M. Hafidi, qui est également animateur à France télévision.
Dans cette lignée, il a fait savoir qu’’ »au fond, cette élection n’est pas tournée vers des questions d’avenir, et n’ouvre aucune perspective, d’où ce sentiment qui flotte d’une abstention prévisible », ajoutant que cette abstention traduit dans l’opinion un signe de désarroi et de désenchantement.
De l’avis de beaucoup d’observateurs avisés, cet état de fait correspond à un moment crucial de la démocratie française marqué par une sorte de « fatigue » et même « d’usure » de cette démocratie, a-t-il poursuivi.
« On a surtout l’impression que les Français attendent trop de l’élection présidentielle, moment il est vrai clé de la démocratie française, et que dans les intervalles des consultations électorales, le peuple se met en retrait et attend de qui va se passer », a ajouté ce politologue.
« Cela devait certainement faire réfléchir sur le fait qu’une élection n’est pas le seul rendez-vous démocratique, que le citoyen intermittent qu’on invite aux urnes tous les cinq ans doit être associé au quotidien à la délibération qui lui donne le sentiment d’être partie prenante de la délibération collective », a-t-il expliqué.
A la veille de ce second tour qui s’annonce serré entre le président sortant Emmanuel Macron et la candidate d’extrême droite Marine Le Pen, une atmosphère d’abstention règne et fait craindre à la classe politique un résultat inédit, a fait observer M. Hafidi.