Pour l’ONU, le dynamisme de l’Afrique est entravé par les crises actuelles
S’exprimant lors d’une réunion organisée par l’Assemblée générale de l’ONU sur le développement en Afrique, la responsable onusienne a indiqué que la guerre en Ukraine a précipité une crise alimentaire, énergétique et financière d’ampleur mondiale frappant l’Afrique de plein fouet.
« En l’espace de trois mois seulement, 71 millions de personnes dans les pays en développement sont tombées dans la pauvreté, conséquence directe de la flambée des prix mondiaux de l’alimentation et de l’énergie », a-t-elle relevé, notant que les personnes vivant dans des régions comme le Sahel et la Corne de l’Afrique sont particulièrement vulnérables à l’insécurité alimentaire.
Elle a également pointé du doigt le changement climatique qui continue lui aussi de menacer l’avenir du continent, précisant que les sécheresses, les inondations et les ouragans sont de plus en plus nombreux et sévères, et les pays africains sont en première ligne.
Face à ces chocs en série, Amina Mohammed a souligné que “l’Afrique que nous voulons” était toujours à portée de main, mais que pour y parvenir “nous devons changer nos mentalités et transformer cette triple crise en une opportunité”.
Elle a souligné, dans ce cadre, la nécessité de mettre en place des cadres et des institutions politiques efficaces et fiables, en appelant à “une réponse politique énergique aux défis d’aujourd’hui”, sans quoi les inégalités risquent selon elle de s’enraciner.
La responsable onusienne a aussi préconisé des investissements dans les technologies numériques, l’éducation et le développement des compétences, en tant que “catalyseurs de l’industrialisation de l’Afrique”, tout en développant les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique sur l’ensemble du continent.
Elle a ajouté que les pays africains avaient besoin d’une aide financière immédiate pour passer le cap des prochaines années par le biais du « réacheminement des droits de tirage spéciaux non utilisés », de l’augmentation des subventions concessionnelles et du renouvellement de l’initiative de suspension du service de la dette.
Pour le président de l’AG de l’ONU, Abdulla Shahid, l’Afrique demeure un continent riche en ressources humaines et naturelles et doté d’un énorme potentiel économique et social inexploité.
Il a toutefois fait observer que la pandémie de COVID-19 a “annulé les progrès réalisés au cours des deux dernières décennies et réduit davantage une marge de manœuvre budgétaire déjà limitée”, estimant que le Covid-19 a en effet mis en évidence et exacerbé les inégalités sociales dans presque tous les domaines: distribution des vaccins, croissance économique, accès à l’éducation et aux soins de santé, et pertes d’emplois et de revenus.
“De toutes les régions, l’Afrique a sans doute connu les transformations les plus spectaculaires au cours des 76 ans d’histoire des Nations Unies. Au cours de cette période, de nombreux pays africains ont lutté pour obtenir et gagner leur indépendance, tout en étant plongés dans des luttes pour le développement socio-économique, la paix et la sécurité”, a relevé M. Shahid.