Or patatras !… Rien n’est simple, tout se complique.
Avant même de défiler à nouveau dans la rue samedi comme prévu, les syndicats, unis et poussés par leur « base », ont décidé une nouvelle journée de manifestations. Sa date : mardi prochain, soit la veille du jour où, sauf imprévu, les sénateurs seront invités à voter la réforme Woerth. A l’horizon immédiat, donc : manif samedi, manif mardi.
Les lycéens – et aussi les étudiants – multiplient les cortèges et les opérations coup de poing. Entrés tard dans la… « bagarre », eux ne sont pas essoufflés. Complication, illustrée par la journée de jeudi : ils sont, comme leurs aînés, imprévisibles, rebelles et parfois violents. A tout moment, comme on l’a vu jeudi notamment à Montreuil (Seine-Saint-Denis), où un jeune a reçu un tir de Flash-Ball dans l’œil, le risque d’incidents violents existe – et même de vrais dérapages – avec des forces de l’ordre, elles-mêmes fréquemment harcelées.
Le blocage des raffineries pourrait amener plus vite qu’on ne le dit, sur l’élan actuel, une fermeture de nombreuses stations-service. Car les automobilistes, qui craignent la pénurie d’essence et se ruent donc sur les pompes, n’écoutent pas les appels au sang-froid qu’on leur administre.
Pour couronner le tout, alors que la situation économique et sociale de la France aujourd’hui n’a pourtant strictement rien à voir avec celle de Mai 68 et que l’histoire n’est jamais la copie du passé, le trotskiste Olivier Besancenot en appelle à… un « nouveau Mai 68 ».
Pour Nicolas Sarkozy, la situation est extrêmement délicate. Car ce qui coagule les manifestants de toutes origines et de toutes générations, ce sont, semble-t-il, deux données sur lesquelles, par définition, le Président n’a guère de prise : la peur de l’avenir et… l’anti-sarkosysme. Sans compter que, dans la phase actuelle, la passion prend le pas sur la raison.