Si le ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, Mohamed Sadiki, avait déclaré que la poursuite de la sécheresse et de l’inflation au cours de cette année a entraîné une hausse du coût des productions, il y a un autre son de cloche du côté des acheteurs.
Certes, la conjoncture actuelle a contraint le gouvernement à importer de manière autonome et exceptionnelle et temporaire afin de préserver le cheptel national et stabiliser les prix à la consommation, en exonérant l’importation d’ovins de droits de douane en octroyant un soutien à l’importation d’ovins destinés à l’abattage, fixé à 500 dirhams par tête.
Les acheteurs, eux, font face à une autre contrainte. Il s’agit d’une flambée des prix sans précédent laissant entrevoir un taux d’affluence qui demeure toujours timide par rapport aux années précédentes.
En visitant plusieurs zones de vente ouvertes aux consommateurs, le constat est affirmé : les prix ont nettement augmenté par rapport à l’an dernier. De l’avis des citoyens, les prix affichés dépassent largement le pouvoir d’achat d’une grande frange de la population.
Dans une déclaration à la MAP, Abdellah, un acheteur venu avoir dans une première visite une idée sur les prix proposés sur le marché semble être étonné par rapport à la cherté des prix.
« Il y aurait probablement d’autres raison à cette flambée des prix que le citoyen ignore et qui ont amené à considérer que les prix cette année seraient à la hauteur de l’année passée, sauf qu’aucun indicateur ne montre que les prix connaîtront une baisse dans les jours qui suivent », a-t-il dit.
Néanmoins, on garde toujours espoir de voir les tarifs reculer pour pouvoir se permettre de célébrer l’occasion, a-t-il ajouté.
Si la situation n’est rose nulle part, elle le serait encore moins pour les professionnels du secteur.
Mohamed, un éleveur dans la région explique cette hausse essentiellement par la rareté des précipitations enregistrées lors des deux dernières années, ce qui a impacté de manière négative le nombre du bétail destiné à l’abattage.
Ce jeune éleveur qui hérite ce métier de son grand-père et qui exerce cette profession par passion depuis presque une décennie déjà, confie avoir été contraint de réduire le nombre de son cheptel d’environ 150 têtes, ajoutant que c’est le cas pour la majorité des professionnels de ce secteur.
Plusieurs témoignages confirment que l’importation des moutons de l’Espagne est la seule solution pour pallier au souci de prix hors portée enregistrés au niveau du marché local, surtout s’ils sont vendus à des tarifs adéquats au pouvoir d’achat de la grande partie de la population.
Côté offre nationale globale en animaux destinée à cette fête du sacrifice, le Département de l’Agriculture précise que celle-ci est estimée 7,8 millions de têtes, assurant qu’elle est suffisante et qu’elle couvre largement la demande prévue cette année à environ 5,6 millions de têtes.
A l’échelle nationale, 214.000 unités et fermes d’engraissement préparant les petits ruminants pour l’Aid Al-Adha ont bel et bien été enregistrées. Cependant, nombreuses questions restent encore en suspens.
Qu’en est-il réellement de cette hausse des prix ? Et quelle stratégie d’élevage faut-il adopter pour sécuriser la filière et soutenir les éleveurs qui ont vécu une année estimée difficile et qui ne sont pas à l’abri d’autres saisons semblables, voire pire face à une sécheresse devenue quasi-chronique.