Litige autour des eaux du Nil : l’Egypte compte sur la diplomatie pour trouver une issue

La polémique autour de la construction par l’Ethiopie du « barrage de la renaissance » sur le fleuve du Nil s’est poursuivie en 2017 sur fond des craintes de l’Egypte de voir diminuer sa part des eaux du fleuve, essentielles pour la sécurité alimentaire du pays et l’approvisionnement en eau potable de sa population ainsi que pour la production de l’électricité.

Le litige entre l’Egypte et l’Ethiopie autour des eaux du Nil préoccupe toujours les médias égyptiens, qui demeurent optimistes quant à la capacité des négociations à surmonter l’impasse actuelle.

L’Ethiopie tient toujours à réaliser le barrage que le pays construit sur le Nil bleu, l’un des confluents du fleuve du Nil, alors que Le Caire insiste sur sa part historique qui s’élève à 55 milliards de mètres cubes.

Il ne s’agit pas d’une perte hydrique et économique pour l’Egypte comme première embouchure du fleuve mais ce litige aura des répercussions politiques sur l’avenir des relations entre les deux pays, d’autant plus que la réussite de l’Ethiopie à réaliser le barrage de la renaissance et à imposer ses conditions à l’Egypte encouragera d’autres pays du bassin du Nil (10 pays africains) à édifier de pareils ouvrages sans consulter le Caire, ce qui fera du Nil une zone de lutte d’influence sans recourir aux lois internationales y afférentes.

Pour l’Egypte, le fleuve du Nil n’est pas seulement une source principale et vitale pour assurer sa sécurité hydrique mais une source de vie intarissable pour la population.

Cette source devient, de l’avis des observateurs, menacée en raison de l’intransigeance de l’Ethiopie, un des pays du bassin du Nil, qui veut réaliser son projet d’une capacité de stockage de 74 milliards de mètres cubes, ce qui diminuera la part annuelle de l’Egypte des eaux du fleuve.

L’Egypte craint des impacts du barrage de la renaissance sur ses terres fertiles, essentielles pour assurer la sécurité agricole et alimentaires de sa population estimée à plus de 100 millions d’habitants, selon les dernières statistiques.

L’accord du partage des eaux du Nil, signé au Caire en 1959, a été actualisé après l’annonce de l’Addis-Abeba de son intention de construire le Barrage de la renaissance par un accord de principe sur l’utilisation des eaux du fleuve, conclu en mars 2015 à Khartoum à l’issue d’un accord tripartite entre les ministres des affaires étrangères égyptien, éthiopien et soudanais et qui prévoit des études techniques sur le projet du Barrage.

Alors que le soudan soutient le projet du barrage de la renaissance, l’Egypte reste toujours opposée à l’édification de cet ouvrage avant l’achèvement des études techniques, et les négociations entamées depuis 2011 entre l’Ethiopie, le Soudan et l’Egypte ont échoué jusqu’à présent à résoudre ce litige d’autant que l’Ethiopie refuse d’arrêter les travaux de construction.

La dernière réunion, organisée à cet effet les 11 et 12 novembre dernier au Caire, n’a pas permis de parvenir à un accord sur l’adoption du rapport préliminaire des études techniques sur le projet de la renaissance.

En dépit des craintes de l’Egypte de la réalisation de cette infrastructure hydrique avant l’achèvement des études techniques, l’Ethiopie va de l’avant dans les travaux de construction qui devraient s’achever dans trois ans avec une enveloppe budgétaire de près de 4,7 milliards de dollars, ce qui permet au pays de se doter d’un des plus grands barrages de production de l’énergie hydroélectrique dans le continent africain.

Le ministre soudanais des affaires étrangères, Ibrahim Ghandour, avait déclaré récemment que l’Egypte craint le barrage de la renaissance parce qu’il va permettre au Soudan d’utiliser entièrement sa part dans les eaux du Nil qui allait directement à l’Egypte depuis 1959 sous forme de prêt.

Les déclarations du chef de la diplomatie soudanaise ont provoqué la colère de l’Egypte. Ainsi, le parlement égyptien a critiqué avec force le ministre soudanais, qualifiant ses propos d’imprécis.

Dans la même veine, le ministre égyptien des affaires étrangères, Sameh Choukry, a indiqué en réaction aux déclarations du ministre soudanais que la part du Soudan des eaux du Nil qu’utilisait auparavant l’Egypte était un excédent de la capacité du Soudan elle n’est ni prêt ni don, se disant étonné de ces déclarations.

Le conseil des ministres en Egypte a aussi fait part, lors d’une récente réunion, de sa préoccupation de l’impasse dans laquelle se trouve la crise, réaffirmant l’engagement du Caire à éviter toute escalade de tension surtout les attaques médiatiques contre l’Ethiopie et le Soudan et à respecter le droit international et l’accord de principe sur le partage des eaux du Nil conformément aux déclaration du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi devant l’assemblée générale de l’Onu.

Selon les observateurs, la diplomatie demeure la seule voie à même de résoudre ce litige, de fixer la part des eaux du Nil de chaque pays et d’éviter toute tension entre les pays du bassin du fleuve.

Atlasinfo avec MAP

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