»Il existe en France une crise de légitimité entre les citoyens et leur classe dirigeante. Elle est encore plus évidente dans les quartiers populaires et les zones périphériques des grandes villes, où les taux d’abstention sont les plus élevés et les partis moins implantés », souligne M. Escalona, dans un entretien au journal électronique espagnol »ctxt.es ».
»La réforme des retraites a été un exemple paradigmatique d’un président gouvernant seul contre la majorité sociale et les organisations intermédiaires telles que les syndicats. (…) Tout cela a conduit à une rupture potentiellement dangereuse de la confiance et du soutien au régime dans le pays », fait observer l’écrivain français.
Selon l’auteur de l’essai »Une République à bout de souffle », cette situation favorise une forte résistance à un pouvoir qui ne se soucie pas de l’opinion du peuple et décide de s’imposer par la force. »L’exécutif macroniste a intensifié les politiques qui ont dégradé la confiance des Français dans leurs gouvernants », insiste M. Escalona, »Aujourd’hui, Macron ne représente qu’une solution provisoire à cette crise systémique. Mais, cette solution reflète l’épuisement du système et ne montre aucun signe de régénération », déplore-t-il.
»Ce qui s’est passé dans les quartiers populaires après le meurtre du jeune Nahel (par un policier) est le fruit d’une dystopie où il n’y a pas d’alternative politique et où la colère doit s’exprimer d’une manière ou d’une autre », fait noter M. Escalona, estimant qu’ »un tel phénomène pourrait se reproduire dans le reste du pays ».
»Le problème sous-jacent qui a conduit à cette vague d’agitation est la discrimination massive et la relégation sociale dont souffrent les habitants de ces quartiers populaires. Il existe des problèmes de racisme ancrés dans la société française et dans les institutions de l’État, comme la police », insiste-t-il.
Et d’ajouter qu »’il y a une spécificité française dans les banlieues : le déni du problème. La France est non seulement l’un des pays dont la police traite les populations racisées de la manière la plus discriminatoire, mais elle se distingue aussi par son déni persistant, tant dans le discours politique que dans les médias ».
»Depuis la fondation de la 5ème République, il y a une sorte d’amnésie collective sur le passé colonial. Et depuis, il n’y a jamais eu de volonté de porter un regard critique sur cette période et son impact sur le présent », conclut le politologue français.