La participation lors de cette journée voulue "sans cheminots" est la troisième plus forte en semaine depuis le début du mouvement, après les taux inégalés du premier épisode de grève les 3 et 4 avril (33,9 % et 29,7 %). Ce net sursaut succède à une glissade jusqu’à 14,46 % mercredi dernier, le plus bas taux enregistré.
La mobilisation s’est envolée lundi chez les conducteurs (74,4 %), contrôleurs (74,3 %) et aiguilleurs (36,7 %), selon un communiqué de la direction. Un fort rebond a été constaté chez les cadres, en grève à 10,14 % (contre 3,1 % mercredi).
En ce 18e jour de grève depuis début avril – soit la moitié du calendrier annoncé pour la grève par épisode -, la SNCF offrait un trafic "très perturbé" avant "un retour progressif à la normale" attendu mardi.
Le rebond "plutôt satisfaisant" de la mobilisation est "un bon signal pour l’ouverture" de la "vot’action", a dit à l’AFP Sébastien Mariani de la CFDT Cheminots. Organisée avec la CGT, l’Unsa et SUD-Rail, cette consultation sera close le 21 mai, quelques jours avant l’examen de la réforme au Sénat. Elle n’a "aucune légitimité", a dénoncé le patron de la SNCF, Guillaume Pepy. Plus nuancé, M. Vicherat a jugé "l’initiative respectable", mais "pour l’instant, ça s’apparente plutôt à une pétition".
Les 147.000 salariés de la SNCF sont invités à voter "pour ou contre le pacte ferroviaire porté par le gouvernement" qui reste inflexible sur trois points: l’ouverture à la concurrence, la fin de l’embauche au statut de cheminot et la transformation de la SNCF en société anonyme à capitaux publics.
Le vote se fait dans des urnes, avec bulletins et listes d’émargement devant permettre d’éviter les fraudes.
"Incessibilité" de la SNCF
Après que SUD-Rail a accusé dimanche le gouvernement et M. Pepy d’"oeuvrer en coulisse pour privatiser et filialiser" la SNCF, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a réclamé lundi que l’"incessibilité" du groupe public ferroviaire soit inscrite dans la loi, afin d’éviter une "vente à la découpe".
Dans le texte adopté en première lecture à l’Assemblée, il est écrit que "le capital est intégralement détenu par l’Etat, ce qui en fait est plus fort que l’incessibilité", a jugé Jean-Baptiste Djebbari, député LREM et rapporteur du projet de réforme. "Mais comme on ne veut laisser aucune place au fantasme de la privatisation, on inscrira +incessibilité+", a-t-il promis.
Le projet de loi arrivera le 23 mai en commission au Sénat, puis le 29 dans l’hémicycle.