Froide tension entre Rabat et Paris !

A lire la presse et les réseaux sociaux marocains, l’impression est lourdement installée qu’une crise d’une forme diffuse grippe la relation la France et le Maroc. L’un des vecteurs de cette tension, les visas délivrés drastiquement aux Marocains dans le cadre d’une politique française de sanctions à l’égard de l’ensemble des pays du Maghreb.

A à écouter les milieux politiques et partisans français, c’est à peine si cette crise existe. Tous ont envisagé ses profonds ressorts comme un outil du président Macron pour lutter contre les méfaits de l’immigration clandestine, le cauchemar de l’opinion française depuis de nombreux scrutins qui ont vu l’extrême droite s’envoler au point de réussir à avoir un groupe massif de parlementaires au sein de l’assemblée nationale.

Aujourd’hui, discorde et bouderies entre Rabat et Paris sont là. Les refus d’accorder des visas aussi spectaculaires que volontairement dirigés contre une certaine catégorie spécifique de demandeurs sont destinés à faire le maximum de bruit. Ceux pour qui la relation avec la France était culturellement et économiquement logique et intrinsèque s’interrogent aujourd’hui sur la véritable finalité de cette réduction drastique des visas.

Ils sont d’autant plus en colère par leur utilisation comme une carte de pression dans ce bras de fer engagé par Paris qui peut s’avérer vain et inutile. En effet, dans la stratégie française, telle qu’elle est apparue au fil des mois, il faut cibler cette élite marocaine pour en faire un facteur interne de pression sur le gouvernement pour que celui-ci accorde plus de laissez-passer consulaires à ses ressortissants faisant l’objet d’une procédure d’expulsion.

Mais eu égard à l’épaisseur inédite de cette crise dans l’axe Rabat/Paris, les interrogations fusent de savoir s’il s’agit uniquement d’une affaire de laissez-passer ou s’il s’agit de causes plus profondes, invisibles qui expliquent cette stratégie française de sanctions. Et là à défaut d’avoir des données fiables, les analyses partent en conjectures.

La mauvaise humeur française à l’égard du Maroc serait-elle due aux récents choix stratégiques opérés par Rabat à travers sa toute nouvelle et précieuse alliance politique avec les USA et Israël ? Sans doute, ce désir d’émancipation et de multiplication des amitiés a-t-il provoqué des aigreurs et des grincements de dents qui ont trouvé dans l’arme des visas une manière de s’exprimer ?

Certains commentaires vont jusqu’à inclure les nouvelles responsabilités et influences du Maroc dans l’espace africain, jadis considéré comme une forme de chasse gardée pour certains milieux d’affaire français. Une odeur de concurrence s’est installée dans la très particulière, voire intime relation entre la France et le Maroc.

Mais quelque soient les raisons qui affectent la très particulière, voire intime relation entre la France et le Maroc, la dégradation de ses qualités historiques commencent lourdement à peser. Comment sortir de cette impasse ? Récemment, conscient que cela commence à glisser lourdement vers l’irréparable, un ancien président de la république, François Hollande, avait gratifié le journal Le Figaro, très lu par Emmanuel Macron et les milieux d’affaires français, d’une tribune d’une rare qualité où il tire la sonnette d’alarme : sans réaction, le divorce peut être consommé entre Français et Maghrébins .

Si cette situation perdure, le risque est qu’à terme les Maghrébins dont les Marocains vont se détourner de cette France dont ils consomment goulûment la langue et la culture. Les ponts de communication et de créativité communs risquent de subir un coup dur qui, à terme, a de fortes chances de réduire la voilure de partenariat stratégique, vitale qui lie les deux pays. La visite d’Emmanuel Macron en Algérie ce 25 août sera une occasion de voir dans quel sens les vents de l’histoire de la relation France/Maghreb vont souffler.

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