France: arrêt définitif d’un réacteur de la plus vieille centrale nucléaire
Le premier des deux réacteurs de la centrale nucléaire de Fessenheim (est), la plus ancienne en activité en France, a été débranché du réseau électrique samedi à 02H00 (01H00 GMT), a annoncé la compagnie d’électricité EDF.
Il s’agit de la toute première étape de la fermeture de cette centrale, située à la frontière allemande et non loin de la Suisse, qui avait été mise en service en 1977.
Opposés à la fermeture de ce premier réacteur, avant l’arrêt du second prévu le 30 juin, des salariés menaçaient de désobéir et de ne pas appliquer les procédures permettant le découplage du réacteur.
Mais tout s’est finalement déroulé sans anicroches pour ce processus qui s’apparentait à un arrêt de maintenance. Sauf que cette fois le réacteur ne sera pas relancé, au grand dam des salariés.
« Nos collègues ont dû réaliser des actes pour lesquels on n’est pas programmé », a regretté samedi matin Jean-Luc Cardoso, syndicaliste et salarié de longue date. « Il va y avoir un trou d’air de 10 ans (avant l’ouverture du technocentre appelé à remplacer la centrale, ndlr), ça laisse pantois! ».
Le maire de Fessenheim a lui estimé que « dès demain, on commencera à sentir les effets de la fermeture de la centrale, avec des départs de population ». Une quarantaine d’élus locaux ont dénoncé samedi matin la fermeture.
Le réacteur numéro deux doit suivre le 30 juin. Ensuite, l’évacuation des combustibles usés devrait intervenir d’ici à l’été 2023. Mais ce ne sera qu’en 2040, au mieux, que sera achevé le démantèlement complet, un chantier inédit en France, de cette centrale devenue le symbole de tous les dangers de l’atome pour les opposants au nucléaire français, mais aussi allemands et suisses, dont les grèves de la faim et les manifestations ont été innombrables.
Ceux-ci n’ont en effet cessé de souligner, outre le vieillissement qui compliquerait le remplacement de certaines pièces, une situation en contrebas du grand canal d’Alsace et dans une région à la sismicité avérée. Des critiques qui se sont encore intensifiées après la catastrophe à la centrale japonaise de Fukushima, en mars 2011.
A Colmar, à quelques dizaines de kilomètres de la centrale, les anti-nucléaire de l’association Stop Fessenheim ont accroché samedi matin une banderole sur la place devant la gare sur laquelle est écrit « Vive l’Alsace… sans nucléaire! ».
Mais certains dénoncent de leur côté l’absurdité de se priver de cette source d’énergie non émettrice de carbone. Des associations pro-nucléaire manifesteront samedi après-midi contre « cet acte de vandalisme climatique ».
Douze réacteurs supplémentaires, sur les 58 que compte la France aujourd’hui -ce qui en fait le deuxième plus grand parc nucléaire du monde derrière celui des Etats-Unis, doivent être arrêtés d’ici à 2035, sans toutefois entraîner de fermeture totale de centrale comme à Fessenheim.
Pour le Premier ministre Edouard Philippe, l’arrêt des installations situées à Fessenheim constitue la « première étape dans la stratégie énergétique de la France qui vise un rééquilibrage progressif » entre les différents types d’énergies, avec une diminution progressive de la part du nucléaire – actuellement de 70%, la plus importante de la planète – et une augmentation de celle de l’électricité d’origine renouvelable.