La France, seul pays parmi les 27 membres de l’Union européenne à avoir manqué les objectifs fixés par la directive européenne de 2018 sur les énergies renouvelables, a aussi raté le coche dans l’éolien, constate la Cour des comptes.
« Les objectifs relatifs à la production d’électricité d’origine éolienne n’ont pas été atteints », bien que plusieurs fois reportés dans le temps, analysent les experts de la Cour des comptes dans un récent rapport cinglant, qui relève que »la France n’a pas les moyens de ses ambitions ».
À la fin de 2022, l’éolien représentait un peu plus de 8% de la production électrique en France, loin de l’objectif que le pays s’était fixé dans la dernière Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), un manquement qui expose le pays à de potentielles sanctions financières.
Selon les sages de la rue Cambon, la facture pourrait s’élever à 960 millions d’euros pour la seule année 2020. « La France devrait payer 960 millions d’euros pour la seule année 2020, et acheter des statistiques (NDLR: aux États membres qui sont au-delà de leur objectif) pour les années ultérieures jusqu’à atteindre son objectif, faute de quoi elle s’expose à des astreintes financières et à des difficultés pour accéder à certains fonds européens », précise le rapport.
Pour expliquer les lenteurs du pays, la juridiction pointe des « objectifs ambitieux », mais « non atteints » en termes de développement de la production d’électricité d’origine éolienne, politique publique dont elle a analysé les conditions de mise en œuvre et les résultats depuis 2017.
D’après le rapport, la difficulté de l’hexagone à atteindre ses objectifs a pour cause majeure les obstacles qui entravent le développement de l’éolien. Parmi ces obstacles, la réglementation actuelle qui limite le foncier disponible pour la construction des parcs éoliens à seulement 20% du territoire français.
De plus, « une forte instabilité réglementaire » et une « complexité administrative » entraînent des délais de construction des parcs éoliens (sept ans sur terre et dix ans en mer) bien plus longs que dans les pays voisins.
La Cour souligne aussi une absence de coordination interministérielle efficace. « Aujourd’hui, l’action est menée par plusieurs administrations. La coordination interministérielle n’est pas encore structurée », note-t-elle.
De manière générale, les magistrats brossent dans leur rapport le portrait d’un pays qui ne se donne pas les moyens de ses ambitions. Pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, l’hexagone se fixe le cap de construire cinquante parcs éoliens en mer, un objectif à l’allure de « grand projet industriel » pour la Cour. L’organisation actuelle de quelques services de l’État en « mode projet » est, cependant, en décalage avec cette ambition.
Au niveau mondial, l’éolien a connu ces dernières années une croissance importante. D’après l’Agence internationale de l’Énergie (AIE), la capacité éolienne mondiale devrait augmenter de plus que 50% d’ici 2025.