En Algérie, le « séparatisme » dans le Sud, une question « taboue » plus encore que celle de la Kabylie

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En Algérie, le "séparatisme" dans le Sud est "une question taboue plus encore que celle, au nord, de la Kabylie", alors que de plus en plus de jeunes, dans cette région riche en hydrocarbures, au chômage, marginalisés et sans perspectives sont "partisans d’une séparation" avec le reste du pays, écrit le journal français Le Monde dans son édition datée de dimanche-lundi.

Dans une correspondance de son envoyée spéciale à Alger, Isabelle Mandraud, le quotidien cite le témoignage du syndicaliste et militant des droits de l’homme, Yacine Zaid (41 ans) qui s’inquiète de la situation dans le Sud de l’Algérie, dans un récit "saisissant" de ses discussions avec ses codétenus dans la prison de Ouargla où il était placé en détention provisoire du 1er au 8 octobre avant d’être condamné à six mois de prison avec sursis pour outrage à agent.

Ces jeunes prisonniers sont natifs en grande majorité comme lui du Sud algérien, une région riche en hydrocarbures et peuplée, pour une bonne part, de Touareg algériens, mais qui connait un taux de chômage important.

"Ils avaient la haine. Ils me disaient qu’ils n’avaient jamais réussi, même diplômés, à décrocher un poste dans une entreprise pétrolière, sauf à 15.000 dinars (moins de 150 euros) chez un sous-traitant", relève le militant algérien, représentant de la Ligue des droits de l’homme à Laghouat, dans le sud de l’Algérie, et "souvent dans le collimateur des autorités algériennes".

"Pour eux, tous les emplois étaient trustés par les Algériens d’Oran, d’Alger ou de Constantine. Ils se focalisent sur les gens venus du Nord, parachutés par connaissance. Pour la première fois, j’ai entendu parler de séparatisme dans le Sud", dit-il.

"Sans détour", les compagnons de cellule du militant lui rapportent leur façon de survivre. "Ils m’ont tous dit: Oui, on fait de la contrebande de cigarettes, on vole des Toyota, parce dans une famille de 15 personnes, un tiers ne travaille pas. Quand tu discutes avec eux, ils reviennent toujours sur leurs conditions de vie qui s’aggravent. Ils disent: On ne va pas rester les bras croisés".

"Certains sont attirés par les groupes armés, d’autres affirment qu’ils sont partisans d’une séparation du Sud, mais, au fond, ils ne veulent pas ça. Ils sont poussés vers ça", poursuit-il.

"J’ai tenté, dit-il, de les convaincre que l’unique façon de faire bouger les choses était la méthode pacifique parce que la violence, c’est le seul terrain que le pouvoir maîtrise. Je ne comprends pas le silence des autorités sur ces problèmes. Les officiels voient des pseudo-associations et étouffent toutes les autres voix. La seule réponse, c’est plus de barrages et plus de sécurité".

Mais les choses se dégradent et le nombre d’"adhésions à la violence va en augmentant", prévient-il.

"Sait-on vraiment ce qui se passe dans les cités? Non. La seule solution, c’est de restructurer la société civile. Je ne suis pas partisan de sortir dans la rue, comme en Tunisie, sans être sûr que la société civile puisse prendra le relais pour éviter un bain de sang. Mais dans le Sud le danger vient vers nous", s’alarme-t-il.

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