Elle est pas belle cette ‘’vie de chien’’ !  

Quelle ‘’vie de chien’’ ! Cette expression signifiant vie dure et misérable n’est pratiquement plus d’usage dans le vocabulaire marocain actuel. Elle est presque quasi-oubliée, tellement ces animaux de compagnie bénéficient aujourd’hui des mêmes prévenances et des mêmes services et considérations que les humains.

A Meknès, comme dans les autres grandes villes du Royaume, ce phénomène social a pris une grande ampleur avec le changement des mœurs des populations, l’isolement social, l’avènement de l’internet qui a entraîné une certaine fissure dans la cellule familiale, et autres facteurs qui justifient l’engouement croissant des Marocains pour les animaux domestiques.

Avoisinant un million d’aboyeurs et un nombre similaire de ronronnants, selon l’Association de défense des animaux et de la nature (ADAN), basée à Rabat, les animaux de compagnie jouissent aujourd’hui d’une grande popularité au Maroc, impliquant de grosses dépenses budgétaires. ‘

« Des années d’amour et de bonheur avec le meilleur ami de l’homme certes, mais aussi des années de bonne alimentation, de conditions de vie adaptées, de soins préventifs réguliers, de bonne hygiène, sans oublier le temps précieux à lui réserver, notamment, jeux et promenade« , insiste N. Brahim, employé de banque, propriétaire depuis cinq ans, d’un berger allemand.

De ces dépenses résulte une activité industrielle en pleine expansion qui a réalisé dans le commerce d’aliments canins, en 2020, plus de deux milliards de dirhams, selon le gros distributeur casablancais ‘’Animal Foods’’.

« Mon Rex ne mange pas n’importe quoi« , se réjouit pour sa part K. Najat, jeune pharmacienne exerçant dans un quartier huppé de Meknès, avant d’étaler pour Atlasinfo, les différents types d’aliments servis à son chiot, à commencer par les aliments secs, les croquettes, les boîtes de pâtées et autres aliments industriels ou naturels préférés aux conserves et aux restes de tables, sans oublier les friandises en forme de sandwich ou de saucisson.

La promenade, elle aussi, a changé d’allure pour le petit Rex de Najat, qui lui fait porter l’hiver des manteaux et des chaussures, et l’été des casquettes et même des lunettes de soleil.

Pour son look, il se fait coiffer à domicile, s’endort dans le lit de son maître, avale des friandises. Il ne reste pour lui que des restaurants canins et des cérémonies de mariage.

Et quand notre petit animal déprime, c’est la famille toute entière qui s’affole. Il faut l’emmener chez un vétérinaire spécialiste (psy-chien), dont la mission est de poser des questions aux maîtres, en vue de vérifier les troubles du chien, avant de prescrire des antidépresseurs à même d’améliorer l’humeur de l’animal.

Il est même prévu l’ouverture prochainement un centre de transfusion sanguine à Casablanca où les chiens peuvent donner leur sang pour sauver leurs congénères.

L’engouement croissant des Marocains pour les animaux de compagnie, a fait qu’environ 10% des foyers marocains dans les grandes villes possèdent un chien ou un chat, qui raflent un budget allant de 3000 à 4000 dirhams par an. C’est dire que le Maroc est en un pays où il fait bon vivre quand on naît chien de luxe entre les mains d’une famille généreuse.

Parfois malgré ces marques d’entretien et d’affection, certains chiens peuvent agresser, blesser, ou même tuer. Les accidents provoqués par les chiens se comptent par centaines chaque année. Les pitbulls et les bergers allemands sont parmi les races les plus cités. Ces animaux attaquent les proches, selon les services vétérinaires provinciaux qui comptent jusqu’à 65% des morsures occasionnées par un chien appartenant à la famille, à un voisin ou à un ami. Et 45% des victimes sont des enfants de moins de 13 ans.

Ce constat est d’autant plus choquant que nombre de citoyens reprochent aux services municipaux leur attitude, souvent passive, face à l’ampleur du problème qui s’aggrave, au fil des jours, avec le nombre croissant des accidents de route en ville provoqués par des chiens sans laisse ou errants. D’où la nécessité, voire l’urgence de corriger ce problème au moment où le Maroc est confronté au phénomène d’accident de circulation qui nécessite une forte mobilisation aussi bien de l’Etat que de la société civile.

 

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