Début de vote en Turquie: sûr de sa victoire, Erdogan veut rester à la présidence jusqu’en 2023

Les 53 millions d’électeurs turcs ont commencé à voter dimanche à 08h00 (05h00 GMT) pour la première élection présidentielle au suffrage universel direct de l’histoire du pays, dont le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qui promet une « nouvelle Turquie », fait figure de grandissime favori.

A la tête du gouvernement islamo-conservateur depuis une décennie, Recep Tayip Erdogan polarise la société turque au point d’inquiéter ses alliés occidentaux et de susciter les craintes d’une dérive autoritaire dénoncée au printemps dernier par le mouvement de la place Taksim.

Dans un quartier du centre d’Istanbul, certains électeurs ne cachaient d’ailleurs pas dimanche leur crainte de voir arriver à la présidence un homme à la poigne de fer, disant souhaiter au contraire la victoire d’un candidat plus consensuel.

"Nous ne voulons pas d’un président autoritaire et partisan, mais de quelqu’un qui défendra le système parlementaire et les intérêts du peuple", a déclaré Ahmet Kensoy, 62 ans. "Il devrait être indépendant et impartial, ouvert à toutes les tendances de la société."

Les 53 millions d’électeurs ont commencé à voter à 08h00 (05h00 GMT) mais dans le centre d’Istanbul, la participation semblait nettement moins élevée en début de matinée que lors des élections municipales du mois de mars. Les bureaux de vote fermeront leurs portes à 17h00 (14h00 GMT).

Erdogan était crédité dans les dernières enquêtes d’opinion publiées le mois dernier de 55 à 56% des intentions de vote. Il devançait d’environ 20 points Ekmeleddin Ihsanoglu, du Parti républicain du peuple (CHP, héritier du kémalisme) et Selahattin Demirtas, du Parti démocratique du peuple (HDP, principale force pro-kurde).

Le Premier ministre, âgé de 60 ans, apparaît donc en position d’être élu pour cinq ans dès le premier tour, ce qui ferait basculer la Turquie, dont les présidents étaient jusque-là élus par les députés, dans un système présidentiel sans même attendre les réformes constitutionnelles qu’il a promises.

Sûr de sa victoire, Erdogan a déjà exprimé le souhait de rester à la présidence pendant deux mandats, soit jusqu’en 2023, année du centième anniversaire de la république kémaliste, une date symbolique pour celui qui fait souvent référence dans ses discours à l’Empire ottoman.

Ses partisans voient dans son élection annoncée le parachèvement de la campagne qu’il mène depuis son arrivée au pouvoir pour remodeler la Turquie aux dépens des élites laïques qui dominaient le pays depuis la proclamation de la république moderne par Mustafa Kemal Atatürk en 1923.

Ses opposants le considèrent en revanche comme un sultan moderne dont les racines islamistes et le refus de toute dissidence éloignent la Turquie de ses idéaux laïcs.

"Si Dieu le veut, une nouvelle Turquie va voir le jour, une Turquie forte renaît de ses cendres", a déclaré Erdogan samedi pendant son dernier à meeting à Konya, un bastion conservateur du centre du pays.

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