« Couleurs et Matières du Maroc » au château de Saint Jean de Braye

A l’initiative de l’association abraysienne « Ibtissama » le château de Saint Jean de Braye dans le Loiret a accueilli du 22 janvier au 2 février 2018 trois artistes marocains venant du sud du Maroc : Mohammed Charaf, Omar Akesbi et Ismaïl Boulaabas. Deux films documentaires de la réalisatrice marocaine Izza Geneni ont été projetés à cet évènement.

par Fouzia Benyoub

Du sud des montagnes de l’Atlas, à la confluence de Dadès et du Ziz, où les paysages se transforment en vergers et en palmeraies et où les vallées portent avec douceur des pierres brunies par le soleil, de Tinghir et d’Ouarzazate, les artistes peintres Mohammed Charaf, Omar Akesbi et le sculpteur sur Ismaïl Boulaabas ont fait escale dans le Loiret.

Dans le Château des Longues Allées à Saint Jean de Braye, près des rives de la Loire et aux portes de la vallée de la Sologne, les trois artistes, portant dans leur âme, un univers de lumière, de dunes et une culture amazigh authentique, s’installent en résidence d’artistes pour un temps, celui de la diversité, tout en exposant leurs œuvres.

Le programme de la résidence est assez riche, avec expositions, ateliers et échanges afin de créer du lien humain et culturel entre les artistes et le public. L’univers des artistes repose en grande partie sur leur environnement culturel.

Originaire de Tinghir et enseignant à Ouarzazate, Mohamed Charaf peint, utilise l’art de la calligraphie en arabe et l’écriture tifinagh dans ses tableaux. Et comme un messager, il aime transmettre son art, en organisant des ateliers d’initiation pour jeunes et adultes. Son art, un mélange subtil, permettant à la fois un contenu profond et une expression jouant avec des formes et des couleurs, souvent teintée de vert, de jaune et de bleu. Ses peintures, un excellent moyen pour voyager, observer, s’imprégner du mouvement du « Calame- roseau ». Quand l’artiste dessine des traits, c’est le geste d’une composition picturale qui s’annonce agréablement, une calligraphie en mouvement.

Omar Akesbi, du Tinghir aussi, expose au Maroc et en France. Professeur et acteur engagé dans la vie culturelle et citoyenne, il anime des ateliers d’initiation artistique auprès d’associations et d’établissements scolaires. Omar Akesbi traduit et illustre des livres de contes et de poèmes de l’amazigh au français. Son art reflète une certaine capacité de saisir la souffrance de l’autre, elle devient une source créatrice pour son art.

Son style a évolué : « Après m’être essayé comme tous les artistes à leur début à copier d’après nature, j’abordais un tournant vers 1986, m’étant imbu de ce qu’il existe une autre réalité hormis celle perçue par les sens ordinaires: Peindre un mendiant au cou crasseux, aux vêtements en guenilles, au regard contrit donnerait sûrement une belle œuvre; mais si l’on peut pénétrer au fin fond de son âme pour la transposer sous un angle visible, cela ne serait-il pas quelque chose de plus fort?! Et puis, le côté non tangible de l’existence des Hommes dont les destinées s’entrecroisent. J’ai peint plus d’une quarantaine de tableaux dans ce style que je peux qualifier d’expressionniste-surréaliste., mais parallèlement, je peignais d’autres choses ».

Dès 2008, un mythe ancré dans la culture Amazigh et des rites qui en découlent inspira l’artiste; celui de l’arc-en-ciel. Il lui permet une grande ouverture qu’il qualifie d’un : « un large spectre où j’ai pu évoluer réalisant ainsi plus d’une vingtaine de tableaux dans un autre style que je peux qualifier d’abstrait-figuratif ».

Originaire de Boulmane, Aboulâabas, sculpteur de passion et artiste talentueux, Ismail travaille et expose depuis 2000. Il puise ses idées dans la culture amazigh. Les kasbahs, le tifinagh, les motifs amazighs sont une source pour son inspiration. IL utilise toute sorte de bois: cèdre, olivier, noyer, peuplier. Lorsqu’il expose ses sculptures, Il amène avec lui ses outils de sculpteur pour montrer comment il travaille le bois.

Le Loiret redécouvre la réalisatrice Izza Genini

Cet évènement a connu aussi la projection de films documentaires d’Izza Genini : « Vibrations en haut Atlas » et « Nuptiales en Moyen Atlas».
« Vibrations en haut Atlas » : Dans le Haut Atlas, une piste sinueuse conduit à la vallée d’Aït Bouguemez, là où les marques de la vie moderne s’éloignent pour laisser l’homme seul face au ciel et à la terre. La musique est l’émanation naturelle et spontanée de cet univers primordial : les chants des femmes en polyphonie aiguës, en youyous ou en ritournelles accompagnent chacune de leurs actions. La flûte et le tambourin sont les seuls instruments que les hommes pratiquent, en particulier lorsque le soir venu les villageois se retrouvent pour danser Adersi, la danse qui rappelle la ronde cosmique.

Nuptiales en Moyen Atlas

Dans le Moyen Atlas, autour de Khénifra, les tribus Zayane et Ichker se réunissent pour la représentation de la noce mythique de Asli et Taslit, le Fiancé et le Fiancée.

Dans ces régions imprégnées de croyances, ils sont les symboles du Ciel et de la Terre qui, en s’unissant suivant une mise en scène précise composée de chants et de danses, feront jaillir les forces vives de la végétation. Pour leurs clans respectifs ils incarnent toutes les espérances de fertilité et de fécondité que la communauté exprime dans la ronde de l’Ahwache, devant les immenses tentes berbères au rythme des dizaines de bendirs.

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