« Le moment est critique, nous ne pouvons pas rester confinés »: Edouard Philippe a mis en avant l’impératif d’une reprise progressive de l’économie et des écoles en exposant lundi devant le Sénat la stratégie de déconfinement du gouvernement.
Le Premier ministre n’a pas réussi à convaincre le Sénat à majorité de droite qui, trois heures plus tard, n’a pas validé la stratégie de déconfinement du gouvernement à 89 voix contre 81 et 174 abstentions, avec une abstention « massive » des élus LR et un vote contre des groupes socialiste et communiste.
Ce plan avait été approuvé par l’Assemblée nationale mardi dernier par 368 voix contre 100, et 103 abstentions. Les deux votes, en application de l’article 50-1 de la Constitution, ont surtout une valeur symbolique et pas d’impact sur le lancement du déconfinement, prévu à partir du 11 mai.
Devant les sénateurs, le chef du gouvernement a insisté sur le « coût social et économique » du confinement qui « déchire notre tissu social » et « aggrave les difficultés que rencontrent certaines familles, certains secteurs, certains territoires ».
« Le confinement se justifiait par l’urgence, mais son coût social et économique est colossal (…) La vie économique doit reprendre impérativement et rapidement, avec des aménagements, avec de la bonne volonté », a-t-il souligné.
Edouard Philippe a également qualifié la fermeture des écoles de « catastrophe pour les plus vulnérables des enfants et des adolescents », le décrochage scolaire étant selon lui « probablement une bombe à retardement », alors que certains élus locaux contestent la réouverture des écoles le 11 mai.
Concernant les masques de protection, et contrairement à ce qu’il avait annoncé la semaine dernière, le Premier ministre a indiqué qu’ils ne seraient finalement obligatoires pour les collégiens que si les règles de distanciation sociale ne pouvaient être respectées.
Durant ses 50 minutes d’allocution, le Premier ministre a martelé que les « clés du déconfinement se trouvent sur le terrain, entre les mains des acteurs locaux », renouvelant ainsi sa promesse de différenciation.
Mais il a dit souhaiter conserver « l’équilibre » actuel de la loi sur la responsabilité des maires, malgré leurs inquiétudes quant aux décisions à prendre pour le déconfinement.
Et il a au passage égratigné les « esprits (…) en mal de polémique » qui durant ce week-end ont accusé la grande distribution d’avoir conservé « un stock caché » de masques durant la crise.
Le Premier ministre a par ailleurs annoncé une aide de 200 euros versée en juin à 800.000 jeunes de moins de 25 ans « précaires ou modestes », dont les « étudiants ayant perdu leur travail ou leur stage » et les « étudiants ultramarins isolés qui n’ont pas pu rentrer chez eux ».
Cette aide s’ajoute à celle de 150 euros (plus 100 euros par enfant) qui sera versée le 15 mai « à 4 millions de familles pauvres et modestes » touchant le revenu de solidarité active et l’allocation de solidarité spécifique. « Et les ménages bénéficiaires des allocations logement recevront 100 euros par enfant », a rappelé M. Philippe.
M. Philippe a par ailleurs annoncé le report du déconfinement à Mayotte où « le virus circule activement » et indiqué que les interdictions d’arrivée dans tous les territoires d’Outre-mer seraient maintenues « au-delà du 11 mai » avec « obligation de quatorzaine ».
Interpellé sur la disponibilité des tests, alors que l’exécutif compte en effectuer jusqu’à 700.000 par semaine à partir du 11 mai, M. Philippe a dit plutôt craindre le manque de « bras » pour les analyser et remonter les « chaînes de contamination », visant notamment le déploiement des « brigades sanitaires » (environ 3 à 4.000 personnes).
Enfin, signe d’ajustements en cours dans une situation incertaine, le Premier ministre a annoncé que le gouvernement était « prêt à étudier » la reprise des offices religieux le 29 mai au lieu de la date du 2 juin précédemment établie.