Clôture aujourd’hui à Casablanca de la conférence francophone sur le Sida
La 5ème Conférence francophone VIH/Sida, organisée par l’Alliance francophone des acteurs de santé contre le VIH (AFRAVIH), clot ses travaux, aujourd’hui à Casablanca.
Dans son allocution d’ouverture, Hakima Himmich, présidente de cette 5ème conférence, a tenu à souligner que le choix du Maroc pour abriter cette conférence peut être interprété comme une reconnaissance de l’engagement de l’Etat marocain et l’exemplarité du plan stratégique national de lutte contre le Sida. Ce choix est aussi extrêmement important, car la rencontre souligne l’importance prise par les échanges Nord-Sud dans le cadre de la Francophonie, et de la lutte contre le VIH.
Selon Mme Himmich, cette conférence se tient à un moment où des progrès importants ont été réalisés dans de nombreux pays du Sud, grâce à la mobilisation des professionnels de santé et de la société civile, ainsi qu’à l’appui des financements internationaux. Pourtant, l’accès aux traitements et la qualité de la prise en charge sont encore en débat et beaucoup de patients sont exclus. « Nous avons des médicaments pour une partie de ceux qui en ont besoin, mais nous voulons des médicaments pour tous. L’accès universel et précoce est un moyen efficace pour réduire considérablement la continuité des infections VIH et faire reculer l’épidémie », a martelé Mme Himmich.
Par la même occasion, elle n’a pas hésité à exprimer ses inquiétudes à cause d’un contexte morose, marqué par la crise économique et son impact sur la capacité du Fonds mondial de la lutte contre le Sida et les pays donateurs à honorer leurs engagements. Elle a tiré la sonnette d’alarme, craignant que ce Fonds ne soit obligé de réduire la liste des pays éligibles, comme le cas par exemple du Maroc, à faible prévalence, qui risque d’être supprimé de la liste. Le Pr Himmich a également exprimé ses angoisses quant à l’accès au traitement de 2ème et 3ème générations : « Au Maroc, ces traitements coûtent environ 1.500 euros par mois contre 35 à 50 euros pour ceux de première génération, pour lesquels nous disposons de génériques. Nous ne pouvons pas attendre 20 ans que les brevets expirent pour permettre à nos patients de bénéficier de traitements qui les maintiendront en vie ». Elle a appelé à inventer et développer de nouveaux mécanismes de financement. « Nous savons ce qu’il faut faire pour débarrasser le monde de cette épidémie et si les moyens de financement se réduisent, nous raterons cette chance » a-t-elle conclu.
De son côté, Michel Kazatchkine, directeur exécutif du Fonds mondial, a expliqué que son institution a soutenu à 50% les prestations de soins accordées au continent africain qui absorbe à lui seul 60% des investissements. Il a aussi rappelé que le Fonds a investi 19 milliard $ dans 144 pays du monde et 1 milliard $ aux pays de l’Afrique et du Moyen-Orient, ce qui a permis le début d’accès au traitement et à la prévention, ainsi que la mobilisation de la société civile.
Michel Kazatchkine a conclu que 2010 sera une année décisive pour la lutte contre le Sida et le financement des traitements et préventions, car c’est l’année de la restructuration des différents fonds mondiaux