«Nicolas Sarkozy a reçu Thierry Henry le jour des manifs sur les retraites, était-ce le bon moment ? s’interroge une de ses électrices. Cette priorité au foot, dans l’info ou dans notre vie politique, c’est scandaleux.» Le comportement des joueurs comme du sélectionneur est montré du doigt : «Ils sont déconnectés de la réalité, ils oublient qu’ils représentent la France, s’indigne un postier, c’est leur salaire qui leur fait oublier. Ribéry touche 800 000 euros par mois, il va signer son contrat en hélicoptère : c’est insulter les Français. Celui qui gagne le plus d’argent peut se permettre tout ce qu’il veut !»
Un sentiment de honte a envahi la population : «Déjà, de voir une équipe qui joue mal, ça fait râler, mais avec le cinéma autour, Domenech qui refuse de serrer la main de l’entraîneur sud-africain, ils ont tout fait pour donner une mauvaise image de la France. J’ai ressenti de la honte», dit une femme. Au-delà des gestes, ce sont les mots qui ont choqué : «Sarkozy a dit que c’était inacceptable, rapporte un homme. Je le trouve malvenu de juger les propos d’Anelka alors qu’au Salon de l’agriculture il a eu des propos déplacés.» «L’Equipe a titré de manière excessive, juge un autre. Est-ce que notre société doit fonctionner avec cette manière de s’exprimer ?» «Bachelot a traité les joueurs de caïds et d’immatures, ce sont des termes choquants, renchérit un quinquagénaire. Maintenant, on peut dire n’importe quoi et n’importe comment !»
C’est la crise au sommet. À la crise morale s’ajoute celle du langage, chez des sportifs, des politiques et dans certains médias. Loin d’élever le niveau des querelles footballistiques, nos dirigeants se sont jetés dans la boue, se mêlant à la bagarre et oubliant le reste, au mépris des préoccupations de Français en marche contre la réforme des retraites. Semaine après semaine, notre démocratie s’enfonce un peu plus bas.
Par Denis Muzet