Brésil : Le juge Sergio Moro accepte de faire partie du gouvernement Bolsonaro, la gauche dénonce

Le juge fédéral Sergio Moro, chargé du dossier tentaculaire de corruption de Lava Jato, a accepté, jeudi, l’invitation du président élu, Jair Bolsonaro, qui lui avait demandé quelques jours d’occuper le poste de ministre de la Justice au sein de son gouvernement, qui entrera en fonction début janvier.

"Après une réunion axée sur les politiques du ministère, j’ai accepté l’invitation honorée", a affirmé le juge Moro, dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux et repris par les médias.

Le président élu a confirmé l’annonce, sur les réseaux sociaux en affirmant que « le programme anti-corruption de Moro, sa lutte contre le crime organisé, ainsi que le respect de la Constitution et des lois seront notre boussole », en annonçant la fusion des ministères de la justice et celui de la sécurité publique.

Dans son communiqué, le juge fédéral a également relevé que "la perspective de mettre en œuvre un programme solide de lutte contre la corruption, dans le respect de la Constitution, des lois et des droits", l’a amené à prendre cette décision et de laisser derrière lui une carrière de 22 ans au sein de la magistrature.

De l’avis du futur ministre, également écrivain et professeur d’université, sa nomination au portefeuille de la justice et de la sécurité publique lui permettra de "consolider les avancées contre le crime".

Le magistrat fédéral a également relevé que l’enquête sur le scandale de Lava Jato se poursuivra à Curitiba, et que « pour éviter toute controverse inutile il devra s’éloigner de cette enquête.

La décision de M. Moro de rejoindre l’administration a suscité des avis divergents, notamment de la part du Parti des travailleurs (PT), qui a estimé que le magistrat responsable en première instance de la plus grande opération anti-corruption du pays a fait montre de "sa partialité" en acceptant de devenir ministre.

"L’escroquerie du siècle! Le juge Sergio Moro sera ministre de la Justice au sein du gouvernement de Jair Bolsonaro, élu seulement parce que Lula (l’ex président Luis Inacio Lula da Silva) a été condamné injustement et a été empêché de participer aux élections", a indiqué, sur son compte Twitter, la présidente du parti de gauche, Gleisi Hoffmann.

La cheffe du PT a dénoncé la "politisation" du juge Moro, en rappelant à cet égard plusieurs actes controversés du magistrat, comme par exemple lorsqu’il avait "intercepté" les appels téléphoniques de la présidente de l’époque, Dilma Rousseff (2011-2016), et les a révélés à la presse.

Elle a également cité la levée du secret judiciaire "avant l’élection", sur les déclarations d’Antonio Palocci, un ministre influent dans les gouvernements de Lula et Rousseff, qui a passé un accord de délation avec les autorités.

Fernando Haddad, candidat malheureux de la présidentielle brésilienne qui s’est déroulée en deux tours (7 et 28 octobre), a déclaré sur les réseaux sociaux que la nomination de Moro à la fonction de ministre "ne sera comprise que par les médias et les forums internationaux".

"Si le concept de démocratie échappe déjà à notre élite, celui de la République l’est plus encore", a-t-il ajouté.

Par ailleurs, plusieurs comptes sur les réseaux sociaux ont partagé une interview qu’avait accordée Moro en 2016 au quotidien "O Estado de S.Paulo", dans laquelle il avait affirmé qu’il n’avait pas de visées politiques.

Soutenu par les conservateurs et haï par la gauche, le juge Sergio Moro est devenu célèbre pour avoir mis en prison d’importants hommes d’affaires et hommes politiques, dont Lula, qu’il a condamné pour corruption passive et blanchiment d’argent avant d’ordonner son incarcération en avril dernier.

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