Au Maroc, la journée nationale des femmes a le goût amer de l’inégalité

Narjis Rerhaye (A Rabat)

Cette année, la journée nationale de la femme célébrée tous les 10 octobre et instituée il y a 14 ans par Mohammed VI est une séquence particulière. Après deux gouvernements à majorité islamiste, le mouvement féminin marocain est entre désespoir et pessimisme. Ce 10 octobre a un goût amer. Et les activistes pour les droits des femmes sont décidées à le faire savoir.

L’association démocratique des femmes marocaines, l’ADFM, est l’une des toutes premières à tirer la sonnette d’alarme. « 14 ans après la création de la journée nationale des droits des femmes marocaines, où en sommes nous dans l’application du code de la famille adopté un certain 10 octobre ? C’est l’occasion de marquer une pause pour évaluer ce qui a été entrepris et interpeller le gouvernement », déclare l’une des fondatrices de cette association qui rappelle les principales revendications de l’ONG : institutionnalisation de l’égalité et révision du code pénal et de celui de procédure pénale en faisant passer dans le tamis de l’égalité.

L’ADFM a d’ailleurs publié ce 9 octobre 2018 un communiqué pour égrener la longue liste des griefs et attentes des Marocaines. Sur le tableau noir des doléances, la loi contre les violences faites aux femmes promulguée il y a quelques semaines occupe une place centrale. Les lacunes et les failles de la loi 103-13 sont pointées. Les femmes victimes de violences ne sont ni protégées ni prises en charges. Quant à la prévention, affirment les défenseures des droits de la moitié de la société, elle n’est présente que dans le discours officiel.

La question de l’égalité est elle aussi au centre des revendications des féministes marocaines. Un plan d’action pour l’égalité couvrant la période 2017-2021 a bien été conçu par le gouvernement. Problème, personne n’en a pris connaissance et en particulier les ONG impliquées dans la défense des droits des femmes. « A l’ADFM, nous sommes convaincues qu’il faut d’abord cerner les obstacles qui se dressent sur le long chemin de l’égalité et ce pour que soit institutionnalisée l’égalité », explique notre interlocutrice. Dans son communiqué, l’ADFM le relève clairement. « Sans institutionnalisation du principe d’égalité, tout plan d’action et tout programme sont condamnés à se transformer en monument de bonnes intention et en simple slogan ».

L’égalité et la parité retiennent toute l’attention des activistes marocaines. La loi portant création de l’instance de parité et de lutte contre toutes les formes de discrimination a été promulguée le 8 août 2017. Pourtant, un an plus tard, ses membres n’ont toujours pas été désignés, fustigent celles de l’Association démocratiques des femmes marocaines tout en interpellant avec force l’Exécutif sur l’application des articles 19 et 164 de la constitution.

Sur la liste des revendications de cette association du mouvement féminin marocain, la suppression du mariage et des mineures et celle de l’article portant sur la déchéance de la garde à la mère divorcée qui contracte un nouveau mariage. « De l’inégalité pure et dure ! » conclut cette activiste.

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