Algérie/Maroc : le temps des médiations ?

Devant la dangereuse séquence que traversent les relations entre Alger et Rabat qui a atteint un niveau de tensions tel que toutes les craintes sont permises, est venu rapidement le temps des médiations. Les bonnes volontés internationales auront à cœur de calmer les esprits pour éviter le pire.

Car au vu du réquisitoire algérien contre le Maroc où toutes les obsessions ont été activées, ou toutes les accusations fallacieuses et fantasmagoriques ont été lancées, le pire est à envisager. Pour beaucoup d’observateurs, la lampe rouge s’est allumée quand un régime politique adopte les thèses complotistes comme ligne de gouvernement. Ce manque d’intelligence, de raison et de maîtrise de soi peut augurer qu’il est capable de franchir toutes les lignes, y compris celle de l’escalade militaire.

Car il paraît incontestable que ce régime algérien, miné de l’intérieur par des guerres internes, travaillé par des luttes mafieuses, n’a plus rien à perdre que son existence et sa continuité. D’où la peur de le voir adopter une doctrine pyromane qui pourrait lui donner aux yeux d’une partie des Algériens une raison d’exister. Cette technique de survie a déjà été tentée lors de la décennie noire et sa grande interrogation:  qui tue qui ?

Aujourd’hui alors que les contestions internes se coagulent et perdurent, le régime algérien tente s’offrir un ennemi extérieur, qui mieux que le voisin marocain. Devant cette situation explosive, le temps est venu d’imaginer les types de médiations qui pourraient faire baisser les tensions et obliger les militaires algériens à ranger leurs freins pour le grand bien de la région. Même si aucune n’est officiellement déclarée, force est de constater qu’elle peut provenir de deux espaces auxquelles on prête une influence motivée sur les décideurs d’Alger.

D’abord l’espace arabe. Le Maroc a confié la représentation diplomatique de ses intérêts en Algérie à l’Arabie Saoudite. Ce qui met le Royaume que dirige le Roi Salman et son fils Le prince Héritier Mohammed Ben Salman dans une position d’entreprendre une telle initiative.

Le royaume d’Arabie, de par son poids économique et son crédit politique, est tout à fait indiqué pour piloter une médiation entre Rabat et Alger. L’autre acteur arabe qui pourrait prendre aussi les rênes d’une telle démarche est les Emirats arabes unis. Le prince héritier Mohammed Ben Zayed entretient d’excellentes relations avec le Maroc et possède en même temps de précieuses entrées au sein du régime algérien. Juste pour rappel. Le président destitué Abdelaziz Bouteflika avait passé aux Emirats arabes unis ses années d’exil et de traversée de désert. Le général-faiseur de président Gaid Salah avait, avant sa mort, son rond de serviette et son pied à terre sonnant et trébuchant à Abou Dhabi.

Il y a ensuite l’espace européen. L’Union européenne n’a aucun intérêt à une escalade militaire entre les deux voisins maghrébins. Ses intérêts vitaux seront directement impactés. Énergie, immigration, terrorisme.. Autant de fléaux qui peuvent facilement porter un coup dur aux intérêts européens. De part sa relation particulière avec les deux protagonistes, la France pourrait piloter une médiation européenne pour désamorcer l’étincelle de la crise qui couve entre Rabat et Alger, mais devrait marcher sur des œufs eu égard à sa relation complexe avec Alger.

Mais si le médiateur peut être logiquement trouvé, le terrain de médiation paraît hors de portée pour le moment.  Le régime algérien s’est dangereusement raidi car il vient de constater qu’après plus de quatre décennies d’investissements financiers et politiques, l’aventure séparatiste qu’il avait soutenue est arrivée à une impasse. Alger enveloppe cette frustration et ce sentiment de défaite par une multitude d’accusations aussi factices, aussi artificielles les unes que les autres

Le Maroc, fort de son droit, a réussi à récupérer ses territoires et mis fin au rêve algérien de créer une entité fantasmée. Cette réalité, le régime algérien a du mal à l’accepter et toute la pyromanie dont il paraît être capable traduit ce sentiment de défaite absolue.

La réussite de toute médiation est à juger à l’aune de la capacité des médiateurs à convaincre le cœur du pouvoir militaire algérien, recroquevillé sur ses haines contre le Maroc, à lâcher la bride à ce fantasme de « la république sahraouie » qui a enfermé des générations d’algériens dans une logique d’animosité et d’agressivité à l’égard du voisin marocain.  La réconciliation entre les pays du Maghreb, l’embellie de leurs relations, l’éclaircie de leur avenir, le retour de la paix et de la sécurité, sont au prix de la disparition de ce nuage noir nommé « Polisario ».

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