A 5 mois de la présidentielle, la droite française choisit son champion

La participation est en hausse à la mi-journée pour ce deuxième tour de la primaire de la droite. Selon la Haute autorité de la primaire, qui se base sur 64% des bureaux de vote, 1.270.000 personnes se sont rendues aux urnes à midi. Soit 13% de plus qu’au premier tour le week-end dernier.

La droite française connaîtra dimanche soir le nom de son candidat à la présidentielle 2017. Deux ex-Premiers ministres, François Fillon, favori, et Alain Juppé, sont en lice dans une primaire dont le vainqueur prendra une sérieuse option pour l’an prochain.

Vainqueur surprise du premier tour il y a une semaine, François Fillon, 62 ans, affiche un programme très libéral en économie et conservateur sur les questions de société. Il est partisan d’une thérapie de choc aux accents thatchériens pour "désétatiser" la France.

Alain Juppé, 71 ans, plus modéré, plaide pour des "réformes profondes" mais "sans brutalité". Pour lui "l’identité de la France, c’est d’abord la diversité", quand son adversaire réfute l’idée d’un pays multiculturel.

Les derniers sondages prédisent la victoire du premier avec 61% des suffrages contre 39% à Alain Juppé.

Les électeurs se sont pressés dès le petit matin pour participer à cette première primaire jamais organisée par la droite, qui a passionné les Français. Quatre heures après l’ouverture des 10.228 bureaux de vote, la participation était en hausse de 10 à 15% par rapport à dimanche dernier.

A Bordeaux, grande ville du sud-ouest dont Alain Juppé est le maire, Gaétan, longtemps "indécis" a finalement opté pour le favori. "Je préfère Juppé sur les questions de société et Fillon pour l’économie. Finalement, c’est dur à dire, mais je préfère avoir un travail qu’autre chose", explique cet étudiant de 22 ans.

Ingénieur à Lille (nord), Antoine, 37 ans, a lui voté Juppé "pour tempérer le caractère sociétal trop à droite de Fillon".

Ouverte à tous, moyennant une participation de deux euros, cette primaire a mobilisé bien au-delà des rangs de la droite et du centre. Quelque 4,3 millions de personnes – dont 15% de sympathisants de gauche – ont participé au premier tour dimanche dernier et plus de 8 millions de téléspectateurs ont suivi l’ultime débat télévisé entre les deux hommes jeudi soir.

Car l’enjeu est majeur. Face à une gauche plus divisée que jamais, celui qui portera les couleurs de la droite a de fortes chances de figurer au second tour de la présidentielle, avec la candidate d’extrême droite Marine Le Pen. Et, assurent les sondeurs, devrait l’emporter face à cette dernière.

Longtemps considéré comme un outsider, François Fillon est arrivé largement en tête au premier tour de la primaire avec plus de 44% des suffrages, bousculant le scénario annoncé d’un duel entre l’ex-président Nicolas Sarkozy et Alain Juppé.

Le maire de Bordeaux est arrivé loin derrière (28%) alors qu’il avait fait la course en tête pendant des mois dans les sondages. Et Nicolas Sarkozy, 61 ans, a été éliminé sans appel.

François Fillon a depuis engrangé de nombreux soutiens, dont celui de l’ancien chef de l’Etat et de la majorité de ses troupes.

Largement distancé, Alain Juppé s’est montré plus offensif entre les deux tours, dénonçant le programme "brutal" de son rival en référence à sa promesse de supprimer un demi-million de postes de fonctionnaires en cinq ans.

Il a aussi taclé en François Fillon un "traditionaliste", qui a émis des réserves personnelles sur l’avortement compte tenu de sa foi catholique et bénéficie de soutiens d’opposants au mariage gay.

Sans sembler inverser la vapeur face à son adversaire qui revendique son projet "radical" et ses valeurs " de droite", accusant en retour Alain Juppé de ne "pas vouloir vraiment changer les choses".

Si la droite est en passe de clarifier sa posture pour la présidentielle, la gauche est loin d’être en ordre de bataille. Le parti socialiste prévoit une primaire en janvier, mais reste suspendu à une décision du président François Hollande de se représenter ou pas, attendue prochainement.

Ce dernier, très impopulaire dans l’opinion et contesté en interne, n’apparaît plus comme le candidat naturel de son camp. De quoi donner des idées au Premier ministre Manuel Valls qui se verrait bien porter les couleurs de la gauche à la présidentielle.

Dans un entretien au Journal du dimanche, il n’a ainsi pas n’exclu pas d’être candidat face au président sortant, pour "casser (une) mécanique" conduisant, selon lui, la gauche à la défaite.

(Avec AFP)

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