A Paris, israéliens et palestiniens contre la colonisation et pour la solution des deux Etats
L’Association France Palestine Solidarité (AFPS), avec le soutien de la sénatrice écologique Esther Benbassa, a organisé au Sénat un colloque sur la colonisation en Palestine. De nombreux invités israéliens et palestiniens ont dénoncé la poursuite de la colonisation et rappelé l’urgence de sauver la solution des deux Etats.
Jérusalem, otage du spirituel
Elias Sanbar, intellectuel et ambassadeur de la Palestine auprès de l’UNESCO, a dénoncé la place du religieux dans le conflit autour de Jérusalem, future capitale des deux Etats : « La négociation sur Jérusalem est progressivement passée de la souveraineté des hommes à la souveraineté divine. On ne pourra jamais aboutir à une solution car il est impossible de négocier sur la souveraineté de Dieu ! Deux registres – humains et divins – ont été mélangés et tant qu’ils ne seront pas dissociés, il sera impossible de trouver une solution ». Il s’est par ailleurs inquiété de la disparition de la communauté chrétienne, qui symbolise la perte d’une identité plurielle intrinsèque à Jérusalem : « Nous sommes en train de nous acheminer vers deux religions, antagoniques, alors qu’être à trois permet un équilibre. La Palestine est en train de passer d’une identité plurielle depuis des millénaires à la confrontation de deux identités. Que le plus fort gagne ! ». Face à cette situation conflictuelle, il a souligné la nécessité d’avancer le concept de « partage » de la ville, plutôt que de « division ».
Objectif: Judaïser Jérusalem
En tant qu’ambassadeur à l’UNESCO, Elias Sanbar a également tenu à évoquer le problème spécifique des fouilles archéologiques. « Les fouilles archéologiques à Jérusalem sont actuellement menées par des associations liées aux colons, qui ont remplacé les archéologues qui étaient eux des scientifiques. Nous sommes aujourd’hui dans une archéologie de l’idéologie qui détruit tout ce qui ne confirme pas son mythe » a-t-il expliqué à Atlasinfo. Pour lui, ces fouilles servent un objectif : démontrer l’antériorité de la présence juive afin de légitimer l’entreprise sioniste. « L’idée que l’antériorité donne une légitimité est aussi vieille que la conquête sioniste. Il y avait une sorte de décision obsessionnelle à trouver des traces dans la terre qui justifieraient le fait que cette colonisation ne venait pas mais revenait en Palestine » précise-t-il. «Très vite s’est ajoutée l’idée que l’antériorité donne aussi le droit à une présence exclusive. A partir de là, les Palestiniens ont commencé à être considérés comme des intrus. L’idée donc de les refaire partir était en quelque sorte banalisée ».
Le salut viendra de l’extérieur
L’ensemble des intervenants israéliens et palestiniens s’accordaient sur un constat : nous connaissons la solution, celle de deux Etats côte à côte. « Tout le monde sait ce qu’il se passe et quelle est la solution ! » s’est emporté Elias Sanbar. « Le gros problème est l’impunité d’Israël. Tant que cet Etat restera impuni, on ne pourra guère que ralentir, alléger le problème, mais on ne le résoudra pas ». Face à cette situation d’impasse, les regards se dirigent comme toujours vers la communauté internationale, les Etats-Unis en tête. « Après près de 50 ans d’occupation et 20 ans de processus d’Oslo, n’est-il pas temps de faire cesser le « provisoire » ? » interpelle le politique israélien Avraham Burg. « Nous avons des responsabilités partagées, mais il est de la responsabilité de la communauté internationale de fixer des limites temporelles". Sabri Saidam, conseiller de Mahmoud Abbas, juge également qu’il revient aux Etats-Unis et à l’Europe d’entrer en scène. L’Autorité Palestinienne reste dans l’attente de la position de la nouvelle administration américaine, mais elle dispose déjà de revendications claires. Parmi elles, celle que les Etats-Unis cessent de s’opposer à la réconciliation entre le Fatah et le Hamas. « Si les Etats-Unis acceptent de négocier avec l’Iran, pourquoi s’opposent-ils à ce que l’on négocie avec le Hamas ?» s’interroge Sabri Saidam. S’il déclare ne pas croire en une troisième intifada de nature violente, il souligne néanmoins la lassitude des Palestiniens, source de danger à l’avenir : « Nous croyons que les deux Etats est la seule solution, mais lorsque l’espoir disparait, le conflit surgit ».