Colombe à Bruxelles. La diplomatie Française, une fois l’impasse grecque consommée, s’est positionnée comme leader du camp qui veut absolument éviter les solutions extrêmes. Cette approche s’est faite par opposition à une radicalité allemande incarnée par la chancelière Angela Merkel pour qui l’expulsion de la Grèce de la zone euro n’était pas taboue, pourvu qu’elle donne exemple et fasse jurisprudence pour les pays membres de l’Union tentés de ne pas respecter les règles du jeu de l’Union et de dilapider ainsi l’argent du contribuable européen. A cette exigence allemande a fait face une souplesse française pilotée par un François Hollande hanté par les conséquences politiques et économiques d’un Grexit inévitable vu de Berlin. D’où son implication personnel sur deux fronts décisifs. Le premier s’incarne dans une médiation de dernière minute entre Bruxelles et Athènes pour convaincre les nouvelles autorités grecques de formuler des propositions acceptables pour l’Union européenne et Le FMI. Phase résumée par François Hollande dans son adresse à Alexis Tsipras "Aide moi à t’aider".
Le second concerne la tentative de convaincre la chancelière allemande d’abandonner son ton martial et sa démarche punitive à l’encontre la Grèce au prix de quelques grincements dans le moteur franco-allemand. Un des exemples parlant de cette tension fut lorsque l’approche allemande envisageât une sortie provisoire de 5 ans de la Grèce de la zone euro et que les français sont immédiatement montés au créneau pour tuer dans l’œuf cette proposition.
Faucon à Viennes. Tandis que François Hollande tentait à Bruxelles de recoller les morceaux de la famille européenne déchirée sur la dette grecque, s’interrogeant douloureusement sur son vivre ensemble sous le toit de la maison commune européenne, son ministre des affaires étrangères Laurent Fabius était à Viennes en train de croiser le fer avec les grands négociateurs sur le nucléaire iranien. Il est de notoriété publique que s’il ne tenait qu’à Barack Obama et son ministre John Kerry, un compromis sur le nucléaire iranien aurait été signé depuis longtemps. Obama en avait besoin pour son propre bilan, convaincu par les bonnes dispositions des autorités iraniennes dont l’obsession permanente est de pouvoir lever les sanctions internationales qui les obligent à poser un genou par terre.
Par conviction ou par opportunisme, La France s’est trouvée dans le rôle du faucon qui ne veut pas être victime du jeu de dupes des iraniens. D’où sa stratégie d’accentuer la pression sur Téhéran, de tenter d’imposer les conditions les plus dures pour garantir un accord solide et fiable qui empêche réellement les iraniens d’accéder à l’arme nucléaire. En adoptant cette posture, la diplomatie française s’est trouvée en phase avec deux angoisses aux motivations et intérêts stratégiques radicalement différentes. La première est celle des israéliens conduit par Benyamin Nethanyahou, pour qui les iraniens seraient en train de se jouer de la naïveté internationale pour se doter en secret d’une arme nucléaire, considérée par la doctrine sécuritaire israélienne comme la menace la plus vitale qui pèse sur l’avenir d’Israël. La seconde se trouve juchée dans les pays du golfe sunnites menés par l’Arabie Saoudite. Ces pays auxquels oppose à l’Iran une implacable rivalité, voient dans la normalisation des relations de la communauté internationale avec Téhéran, une manière de consolider sa puissance et d’augmenter sa capacité de nuisance et son appétit de domination.