La démarche de Manuel Valls est le fruit d’une double réaction. D’abord à la situation créée en France après les attentats de Charlie Hebdo. Une des grandes conséquences est la libération de la parole raciste et antisémite au sein de la société française, donnant un grand coup de fouet à la xénophobie et à la haine de l’autre. La seconde réaction est celle qui accompagne l’évolution politique de la société française avec les percées électorales d’un parti comme le Front National dont le fond de commerce politique a toujours été la stigmatisation l’étranger.
Parmi les points forts de ce plan, outre qu’il ambitionne de combattre les discours discriminatoires aussi bien dans les structures éducatives que sur internet, sa volonté affichée de voir "les paroles, les écrits de haines, qu’ils soient antisémites, raciste, homophobes" de ne plus relever du droit de la presse "mais du droit pénal avec des peines adaptées".
Même s’il s’en défend, la stratégie de Manuel Valls ne manque d’arrière-pensées politiques, voire politiciennes. En lançant ce plans et en mettent sous la lumière des médias et de la justice la gravité des comportements xénophobes et antisémites, en voulant incarner le rôle du champion du vivre ensemble républicain, la gauche au pouvoir ambitionne de tirer le tapis sous les pieds de deux force politiques devenues, sur fond de discrimination assumée très concurrentielles : l’extrême droite de Marine Le Pen dont la fortune politique est assurée par des réflexes d’exclusion et la droite classique de Nicolas Sarkozy fascinée par les sirènes du l’extrême droite.
Cette posture de Manuel Valls et de la gauche au pouvoir a le mérite de revenir aux grands clivages de la vie politique française entre une gauche dite généreuse, tolérante, défendant les valeurs du vivre ensemble républicain et une droite tentée par les démons de la haine et de la stigmatisation de l’autre.