Cette évolution notoire d’une crise politique aiguë qui peinait à mettre fin au chaos post-Khaddafi est à mettre incontestablement au crédit de la diplomatie marocaine qui a su à la fois créer les conditions favorables à un tel dialogue et insuffler à l’aide des Nations unies une dynamique positive à ce qui s’apparentait à une désespérante impasse.
La communauté internationale, américains et européens en tête, attend énormément de ce dialogue politique. En recevant le Premier ministre italien, Matteo Renzi, Barack Obama a eu cette petite phrase qui en dit long sur les attentes américaines: " Nous ne pourrons pas résoudre le problème avec quelques frappes de drones ou quelques opérations militaires".
A la veille de leur sommet décisif sur la Libye, les différents capitales européennes ont les yeux rivés sur la petite ville balnéaire de Skhirat, prés de Rabat, dans l’attente d’une fumée blanche qui annonce le grand compromis libyen pour la formation d’une autorité centrale libyenne susceptible de lutter contre les facteurs d’insécurité qui créent et nourrissent le chaos libyen. En témoigne la déclaration ce lundi de François Hollande sur les négociations en cours au Maroc: "Un accord de réconciliation nationale reste à la fois nécessaire et urgent pour rétablir l’ordre et la sécurité sur le territoire libyen". L’UE a également fait part de son soutien aux pourparlers menés au Maroc. Selon un communiqué du porte-parole du service de la haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini, "Seul un accord politique peut apporter une paix durable en Libye et aider le pays à lutter efficacement contre Daesh et les organisations terroristes qui le déstabilisent".
En abritant le dialogue libyen dans son quatrième round avec les percées positives qui s’annoncent, le Maroc conforte son leadership régional capable de peser sur le cours de événements et d’en être un acteur incontournable. Le pays se transforme à travers ces réalisations en terrain de médiations des crises régionales, arabes ou sahéliennes. A force d’engagement, de sa foi solide dans le dialogue, de patience et de créativité, la diplomatie marocaine, sous l’impulsion du Roi Mohammed VI, est en train de donner la preuve de sa grande efficacité. Une démarche qui rejaillit déjà sur l’image du pays et sa capacité à participer à la solution des crises les plus aiguës.
Par Mustapha Tossa