"La démission, pour moi, n’est pas une question d’actualité. Si je suis fautif (…), alors là on verra. La justice va faire son travail", a déclaré au journal le cardinal. "Je porte les souffrances terribles provoquées par ce prêtre", ajoute le Primat des Gaules.
La justice française a ouvert une enquête pour des faits de non-dénonciation et de mise en péril de la vie d’autrui au sujet d’agressions sexuelles commises par le père Bernard Preynat, sur de jeunes scouts de Lyon (centre-est) entre 1986 et 1991 pour lesquelles le religieux a été mis en examen (inculpé).
Elle fait suite à un signalement de victimes, mettant en cause plusieurs responsables du diocèse dont le cardinal Barbarin – visé nommément par des plaintes – qu’elles accusent de ne pas avoir dénoncé à la justice les agissements passés de ce prêtre.
"En 2007, ce sont des bruits qui courent et ce sont des faits très anciens à ce moment-là. Quand en 1991, le prêtre a été déplacé dans une autre paroisse, je ne suis pas archevêque, je ne suis pas en responsabilités", fait valoir le cardinal, archevêque depuis 2002. Interrogé sur la possibilité alors de prévenir les autorités judiciaires, le prélat répond qu’il n’y avait "même pas pensé".
"Il faut peut-être envisager par la suite qu’on ait des conseillers externes dans ce type d’affaires", conclut Philippe Barbarin qui, dans un communiqué vendredi, avait indiqué qu’il coopérerait "avec sérénité et confiance" à l’enquête.
Le père Bernard Preynat, qui a quitté ses paroisses fin août 2015 après avoir été relevé de ses fonctions par le diocèse, a été inculpé le 27 janvier après avoir reconnu les faits d’agressions sexuelles sur moins de 15 ans.
L’association des victimes a dénoncé "l’omerta" dont aurait bénéficié le religieux pendant des décennies et critiqué vivement la gestion des agissements de ce prêtre par les autorités diocésaines depuis 25 ans.
Figure de l’église française, Mgr Barbarin, 65 ans, a reçu le soutien du Vatican qui a jugé qu’il gérait le dossier "avec beaucoup de responsabilité".
L’affaire reste très embarrassante pour l’épiscopat français même si la prévention de la pédophilie y a été développée depuis la condamnation en 2001 d’un évêque, Pierre Pican, pour non-dénonciation de viols sur mineurs commis par un prêtre.