M. Macron a cherché, lors de son premier quinquennat, de faire voter cette réforme structurelle visant à remettre à plat le système actuel et fusionner les quarante-deux régimes de retraite existants pour instaurer un système unique à points, mais son projet, qui a suscité de nombreuses résistances et une forte mobilisation sociale de la part des syndicats, a été suspendu avec l’avènement de la crise sanitaire du Covid-19.
Avec la rentrée politique, le projet a refait surface, prenant le dessus dans le débat public sur d’autres sujets non moins importants, dont l’inflation galopante ou la crise énergétique, dans le contexte de la guerre en Ukraine, compte tenu de la sensibilité politique du dossier et ses implications pour les régimes de retraite de la fonction publique, ainsi que pour les carrières longues.
Les dernières déclarations de la Première ministre, Elisabeth Borne, et les propos attribués au chef de l’État, à l’occasion d’un dîner à l’Élysée, en disent long sur la détermination de l’Exécutif à mener à bon port son projet.
En effet, Mme Borne n’a pas exclu le 26 septembre le recours à l’article 49.3 de la Constitution, qui permet l’adoption d’un texte sans vote, pour engager la réforme controversée, tout en promettant ‘’la recherche de compromis’’, avec les partenaires sociaux, politiques et économiques de l’Exécutif.
« Ma méthode, c’est le dialogue, la recherche de compromis. En même temps, les Français ne comprendraient pas qu’on soit bloqués, c’est vrai sur le budget, c’est vrai sur les réformes importantes qu’on veut porter’’, avait-elle affirmé sur BFMTV et RMC.
L’article 49.3 est ‘’un des outils qui est à la disposition du gouvernement si on constate une situation de blocage’’, a-t-elle souligné.
Parmi les pistes envisagées par le gouvernement, figurent un amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale et un projet de loi ad hoc.
Mais ce jeudi, invité de la chaîne LCI, au lendemain d’un dîner à l’Élysée consacré à la méthode à suivre pour la réforme des retraites, le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a lâché une bombe en dévoilant une troisième piste, à savoir la dissolution de l’Assemblée nationale en cas de vote contraire à son projet.
Selon lui, si les députés votaient une motion de censure contre le projet gouvernemental, Emmanuel Macron n’exclurait pas une dissolution de l’Assemblée nationale, où la coalition présidentielle a perdu sa majorité absolue lors des dernières législatives.
‘’Si toutes les oppositions se coalisaient pour adopter une motion de censure et faire tomber le gouvernement, il (M. Macron, NDLR) s’en remettrait aux Français, et les Français trancheraient et diraient quelle est la nouvelle majorité qu’ils veulent », a affirmé le ministre, chargé d’engager de nouvelles concertations sur les retraites, à partir de la semaine prochaine.
La veille, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a indiqué que la réforme des retraites était « nécessaire » et devait entrer en vigueur « à l’été 2023 », quelle que soit la manière dont elle est engagée.
Mais avant de mettre en exécution ce que la presse française qualifie de “menaces”, l’Exécutif a décidé de se donner du temps pour élaborer un projet de loi, qui devra être adopté d’ici à la fin de l’hiver, décision qui a été saluée par le président du Medef (patronat), Geoffroy Roux de Bézieux.
‘’Trois mois de concertation, ça peut paraître court, mais en même temps les positions sont connues, c’est des sujets qu’on a très longtemps discuté’’, a déclaré sur France info le patron des patrons, dont l’organisation était opposée au scénario d’une adoption d’un amendement dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS).
Côté syndicats, un appel à manifester pour la journée de jeudi a été lancé par plusieurs centrales syndicales, pour leur première mobilisation interprofessionnelle de la rentrée, à travers des grèves et des rassemblements partout en France pour revendiquer une hausse des salaires, des pensions, des bourses et des minima sociaux, face à une inflation galopante et protester contre l’allongement de l’âge de départ à la retraite.