Si ce duel classique d’entre-deux-tours n’a jamais inversé les rapports de force entre les deux finalistes depuis sa première édition en 1974 permettant surtout de confirmer une tendance existante, Sarkozy aura beaucoup plus d’intérêt à déstabiliser son adversaire, crédité de 53 à 54 % d’intentions de vote dans les derniers sondages.
Face à la "détermination" du président candidat qui se pose en challenger du jamais vu dans les présidentielles en France -, confirmée dans une récente étude d’opinion (+ 1 point par rapport au 22 avril), Hollande approche ce rendez-vous avec "confiance" et se dit prêt à parer les "coups" de son adversaire de droite tout en avançant ses propositions.
Dans les duels à distance par meetings et médias interposés, M. Sarkozy fait valoir que lui seul est à même de préserver une "France forte", en mettant en garde contre l’"inexpérience" et l’"indécision" de M. Hollande dont "la victoire risque de déclencher la panique sur les marchés financiers avec ses promesses de dépenses irresponsables".
Ce à quoi le candidat socialiste riposte en fustigeant un quinquennat de Sarkozy qui a "divisé" les Français, "creusé l’écart" entre les riches et les pauvres avec des réformes économiques "injustes" et de récentes mesures d’austérité qui "ne feront qu’augmenter le chômage", déjà à son record.
Le débat de mercredi soir, qui sera diffusé par une dizaine de chaînes et de radios et durera deux heures trente minutes, doit s’ouvrir sur des thèmes économiques, puis les questions de sécurité et d’immigration seront abordées. La conclusion devrait se faire sur les sujets de politique étrangère.
Le face-à-face tant attendu devrait battre le record d’audience des 23 millions de téléspectateurs du duel Sarkozy-Royal en 2007. Et devant ce défi, rien n’a été laissé au hasard dans les préparatifs. Les équipes des deux candidats négocient les moindres détails techniques, à commencer par la longueur de la table séparant les deux adversaires, jusqu’aux plans de coupe, en passant par la température du plateau et le réglage de la hauteur des sièges.
Selon les politologues, Hollande, en position confortable, va laisser venir son adversaire qui, pour rattraper son retard, est amené à prendre des risques, ce qui pourrait lui coûter cher. Le candidat socialiste gagnera en évitant les esquives et en imposant une stature présidentielle.