Au total, dix candidats devaient être en mesure de réunir les parrainages d’élus nécessaires pour concourir à l’élection présidentielle, à la date-limite fixée vendredi à 17H00 GMT.
Grand favori depuis sa désignation à la candidature socialiste, François Hollande est maintenant donné au coude-à-coude avec le président sortant au premier tour (22 avril). Au second tour même, il garde encore une certaine marge avec un minimum de 54% des voix, mais l’écart diminue aussi. "Je ne me suis jamais illusionné. Je n’ai jamais pensé que ces chiffres seraient ceux du grand rendez-vous. Les écarts ne sont jamais grands", a relativisé jeudi soir François Hollande à la télévision.
Lors de sa dernière grande émission avant le début de la campagne officielle le 20 mars qui se traduira par l’application de l’égalité de temps de parole entre candidats et donc une moindre présence dans les médias, M. Hollande a cherché à garder son cap de "rassembleur" tranquille.
"Je ne sors pas de la ligne dans laquelle je me suis orienté dès le départ: la cohérence, la constance et la confiance. Je ne suis pas dans l’improvisation, je ne sors pas des mesures à chaque émission", a-t-il lancé à l’encontre de Nicolas Sarkozy qui multiplie lui les annonces tous azimuts.
Cette stratégie, fondée essentiellement sur le rejet du président sortant par les Français et qui lui avait plutôt réussi depuis le début de la campagne, commençait à semer des doutes dans la presse vendredi.
"Se démarquer à tout prix du style bretteur de Nicolas Sarkozy, jouer les paisibles rassembleurs était possible quand l’avance sur le rival était grande. C’est plus dangereux maintenant que les courbes se resserrent", avertissait le quotidien régional, les Dernières Nouvelles d’Alsace.
Autre souci pour François Hollande, la poussée du candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, à 11% dans la dernière enquête d’opinion.
Celui-ci entend faire une démonstration de force dimanche lors d’une grande marche parisienne où sont attendus des dizaines de milliers de sympathisants et qui doit marquer le début de "l’insurrection civique".
Il croit à une "mélenchonisation" de la campagne après les propositions de François Hollande de taxer à 75% les très riches et de Nicolas Sarkozy de taxer les exilés fiscaux.
Dans le camp d’en face, l’espoir renaît après des semaines de doutes. Pour le Premier ministre François Fillon, "le filon de l’anti-sarkozysme est épuisé".
La droite concentre ses attaques sur le flou des propositions économiques du socialiste pour atteindre le retour à l’équilibre budgétaire en 2017. "Je l’accuse ne pas vouloir baisser les dépenses de l’Etat par peur de déplaire", a lancé M. Fillon dans le journal Le Figaro vendredi.
Nicolas Sarkozy cherche lui à saper la crédibilité de son rival. Vendredi il a ironisé sur un candidat qui "change d’avis en une journée", François Hollande ayant repris l’idée de taxer les exilés fiscaux après l’avoir la veille accusé de "prestidigitation" à propos de sa proposition de créer 60.000 emplois dans l’éducation.
Le président candidat a choisi de marteler un discours anti-européen et anti-immigrés afin de récupérer les voix de l’extrême-droite, ce qui lui a valu des éditoriaux au vitriol dans le New York Times et le Wall Street Journal. Il devra cependant compter avec le retour dans la campagne de Marine Le Pen, qui après plusieurs semaines d’incertitudes, a obtenu ses 500 parrainages d’élus et est créditée de 16% d’intentions de vote. En revanche, l’ex-Premier ministre Dominique de Villepin a prévenu que "sauf miracle", il ne serait pas en mesure d’avoir les parrainages vendredi soir.