La Russie a constamment dénoncé la salve de sanctions imposées par les pays occidentaux, mettant en garde contre une tentative de l’isoler et l’impact qu’elle pourrait avoir sur l’économie mondiale. Les sanctions contre la Russie avaient perturbé les chaînes d’approvisionnement militaires de Moscou et plongé son économie dans une forte contraction au début du conflit, souligne le WSJ.
Toutefois, relève le journal, la faible application de ces mesures récemment a permis la reprise des financements et des échanges commerciaux. Cette situation est en faveur de la Russie, puisqu’elle aide son économie et prolonge potentiellement la guerre, selon de hauts responsables occidentaux.
« Nous voulons éviter le contournement (de ces sanctions), tant en Europe qu’avec les pays tiers », a souligné dans une interview la commissaire européenne aux services financiers, Mairead McGuinness, dont le département supervise la politique de sanctions de l’UE. “Pour resserrer le contrôle financier et commercial établi par les pays occidentaux, les États-Unis ont envoyé de hauts fonctionnaires des principales agences ministérielles dans les capitales étrangères, avec pour mission de partager des renseignements sur les réseaux de contournement des sanctions, menacer les autorités et les entreprises réticentes de mesures punitives et recueillir des informations sur les réseaux soupçonnés d’acheminer des équipements vers la Russie,” indique le quotidien.
La secrétaire au Trésor, Janet Yellen, a passé le même message auprès de ses homologues du G20 à Bali, en Indonésie, la semaine dernière, rapporte le grand tirage américain, ajoutant que plus tôt ce mois-ci, le secrétaire adjoint au Trésor Wally Adeyemo s’est rendu à Bruxelles, Londres et Paris. Elizabeth Rosenberg, secrétaire adjointe pour le financement du terrorisme et les crimes financiers, était récemment au Japon pour la même mission, ajoute la même source, notant que plusieurs responsables du Trésor, du Commerce et du Département d’État font également le tour du monde pour les mêmes raisons.
Les données commerciales du deuxième trimestre montrent que les exportations vers la Russie de bon nombre des plus grandes économies du monde se sont effondrées de plus de 50 % à la suite des sanctions imposées fin février. Mais les exportations se redressent dans bon nombre de ces pays, selon une analyse des données commerciales du Wall Street Journal. Les exportations de la Corée du Sud et du Japon restent inférieures aux niveaux d’avant les sanctions mais ont récupéré près d’un tiers de leurs pertes initiales, selon l’analyse du journal.
Les responsables occidentaux craignent que les banques en Autriche, en République tchèque et en Suisse adoptent une vision plus flexible en ce qui a trait à l’application des sanctions. En avril, les autorités financières suisses ont déclaré que le pays avait gelé environ 8 milliards de dollars d’actifs russes, mais en mai, elles avaient indiqué avoir libéré environ 3 milliards de dollars de ces actifs.
Les exportations chinoises vers la Russie sont désormais plus importantes qu’elles ne l’étaient lorsque les sanctions ont été imposées, indique le quotidien, ajoutant que les responsables américains craignent que la Chine ne fournisse le financement et les biens essentiels à l’effort de guerre et à l’économie de la Russie. Pékin a souligné qu’elle ne se conformera pas aux sanctions occidentales qu’elle juge illégales. Les exportations turques vers la Russie ont, par ailleurs, augmenté d’environ 25 % à la fin du deuxième trimestre par rapport à la période d’avant les sanctions, indique le quotidien.