Vague d’arrestations en Tunisie : le pouvoir chasse des comploteurs ou des opposants ?

La vague d’arrestations d’hommes politiques, de figures de l’opposition, d’activistes de la société civile, de responsables de médias et de syndicalistes, déclenchée le week-end dernier, ne risque pas de s’arrêter de sitôt.

La liste des personnes arrêtées ne fait que s’allonger et chaque jour apporte son lot d’arrestations qui se font selon un mode opératoire, d’après les observateurs, fait de traque, d’arrestation et de perquisitions dans les domiciles des personnes ciblées par cette opération « coup de balais ».

Cette opération, coup de poing, contre tous ceux qui ont déclaré leur opposition au projet de la gouvernance par la base défendu par le président Kais Saied, soutiennent ces observateurs de la scène politique tunisienne, a pour objectif de « semer la peur ».

Désarçonner une opposition qui ne fait que se renforcer au fil des jours, malgré son extrême division et son affaiblissement, parvenant à faire entendre sa voie et à mobiliser les foules, de plus en plus, touchées de plain-pied dans leur pouvoir d’achat, par la pénurie continue des produits de première nécessité et l’absence de perspectives sur l’avenir du pays.

Après des élections législatives marquées par un taux d’abstention qui a flirté 90%, cette vague d’arrestations sans précédent, ajoutent les mêmes observateurs, se veut un moyen choisi par les autorités, pour détourner l’attention de l’opinion publique.

A rappeler que depuis samedi 11 février 2023, la Tunisie a enregistré une accélération de la vague des arrestations de figures venant d’horizon divers et qui sont toutes accusées par le chef de l’Etat en personne « de complot contre la sécurité de l’Etat ».

En effet, le 11 février, les forces de sécurité ont appréhendé à Tunis, Khayam Turki, un militant politique impliqué dans des tentatives de fédération d’une opposition éclatée.

Il en est de même pour Kamel Eltaïef, homme de l’ombre mais très introduit dans les milieux politiques. Il est perçu comme l’un des symboles de la corruption dans le pays.

Le même jour, Abdelhamid Jelassi, un ancien dirigeant du parti Ennahda (islamiste) connaît le même sort. Deux jours plus tard, Béchir Akremi, ancien procureur de la République (2016-2020), très controversé pour sa gestion de dossiers relatifs au terrorisme, a été interpelé et placé en garde à vue. Il a été procédé, en outre, à l’incarcération de Noureddine Bhiri, ancien ministre de la justice (2011-2013) et ancien député d’Ennahda.

Le soir du même jour, Noureddine Boutar, directeur général de la radio privée « Mosaïque FM », ainsi que l’avocat et homme politique Lazhar Akremi, ont été incarcérés et leurs demeures perquisitionnées.

Enfin, le 14 février, un ancien député Walid Jalled (Nidaa Tounes) s’ajoute à la liste des personnes arrêtées.

Fait étonnant : les magistrats chargés des dossiers n’avaient toujours pas fait connaître les chefs d’inculpation retenus contre ces différentes personnalités et les avocats des personnalités arrêtées se sont empressés de parler de dossiers vides et d’incarcérations abusives.

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