Trump veut quitter la Syrie, ses conseillers veulent rester

Le président américain Donald Trump a réitéré mardi sa volonté de quitter la Syrie, contredisant ainsi ses généraux et ses plus proches conseillers qui craignent qu’un retrait précipité n’offre sur un plateau une victoire diplomatique et militaire à la Russie et l’Iran.

"Il est temps. Nous avons largement réussi face (au groupe Etat islamique) à l’EI. Nous réussirons face à n’importe qui militairement. Mais parfois, il est temps de rentrer à la maison. Et nous pensons à ça très sérieusement", a expliqué M. Trump lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche.

"Et nous prendrons une décision très rapidement en coordination avec d’autres dans la région sur ce que nous allons faire", a-t-il ajouté, confirmant ainsi des propos de la semaine dernière accueillis avec surprise par les alliés des Etats-Unis au sein de la coalition antijihadiste.

Depuis plusieurs semaines, le président américain s’élevait en privé contre l’idée que les Etats-Unis maintiennent un engagement à long ou même à moyen terme dans l’est de la Syrie, où ils ont déployé quelque 2.000 soldats, dans le cadre de la lutte internationale contre l’EI.

Et selon le Wall Street Journal, il a ordonné de geler plus de 200 millions de dollars de fonds destinés à la reconstruction en Syrie, une information qui n’a pas été confirmée officiellement, mais qui n’a pas non plus été démentie.

Pourtant au moment même où M. Trump affirmait vouloir "partir" de Syrie, les responsables du dossier au sein de l’administration réaffirmaient la stratégie américaine de "stabilisation" des territoires libérés jusqu’à la négociation sous l’égide de l’ONU d’un règlement négocié de la guerre civile syrienne, stratégie soutenue par les Européens.

"Il y a encore des zones dans lesquelles (l’EI) est présent et où nous allons devoir continuer à opérer", a ainsi déclaré mardi le chef du Commandement américain pour le Proche et le Moyen-Orient (Centcom), le général Joe Votel, au cours d’une conférence dans un centre de réflexion de Washington.

"Il y a un rôle à jouer pour les militaires dans cette phase de stabilisation", a ajouté le général Votel, qui supervise les forces américaines engagées en Syrie.

Maintenir une présence

"C’est notre mission et notre mission n’est pas accomplie et nous allons l’accomplir", a renchéri l’envoyé spécial des Etats-Unis auprès de la coalition internationale antijihadiste, Brett McGurk, au cours de la même conférence à l’US Institute of Peace.

Le plan des Etats-Unis, annoncé en janvier par le Pentagone et officialisé par le secrétaire d’Etat Rex Tillerson, aujourd’hui débarqué, est de maintenir une présence militaire en Syrie "aussi longtemps que nécessaire" pour prévenir tout retour de l’EI et, surtout, pour ne pas laisser en Syrie le champ libre à la Russie et à l’Iran, qui sont les principaux soutiens du pouvoir du président Bachar al-Assad et l’ont aidé à reprendre plus de la moitié du territoire syrien.

Un départ précipité serait contraire aux efforts menés depuis plusieurs semaines par le ministre américain de la Défense, Jim Mattis, pour convaincre la Turquie d’abandonner son offensive dans le nord de la Syrie contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), classée "terroriste" par Ankara mais alliée précieuse de Washington dans la lutte contre l’EI.

Pendant la campagne électorale, Donald Trump a fréquemment critiqué son prédécesseur Barack Obama pour le retrait "prématuré" des forces américaines d’Irak qui a permis l’expansion territoriale de l’EI.

Or "quitter la Syrie représenterait une capitulation totale des Etats-Unis face à l’influence de l’Iran dans la région", note Charles Lister, du Middle East Institute, pour qui il est "difficile de prendre totalement au sérieux" les propos du président américain.

L’explication tient peut-être dans les derniers commentaires de M. Trump sur le sujet mardi, lorsqu’il a laissé entendre que les Etats-Unis pourraient rester en Syrie si l’Arabie saoudite payait la facture.

L’Arabie saoudite est "très intéressée par notre décision", a-t-il dit. "J’ai dit, bon, vous savez, vous voulez que nous restions (en Syrie, ndlr) peut-être qu’il va falloir que vous payiez".

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite