Dans ce contexte de tension, la Chine a annoncé des sanctions contre cinq entreprises américaines de défense en réponse à la position US au sujet de Taïwan. Ces sanctions consistent à geler les actifs de ces sociétés en Chine, y compris leurs biens meubles et immeubles, et à interdire aux organisations et aux individus en Chine de réaliser des transactions et de coopérer avec elles, a indiqué le ministère chinois des Affaires étrangères. C’est dans ce contexte, compliqué aussi par d’autres questions dont la guerre en Ukraine, que les relations sino-américaines devront évoluer cette année, estiment les analystes, qui s’attendent à une accentuation notamment de la guerre commerciale entre les deux premières économies mondiales. Des chiffres diffusés récemment montrent que le Mexique vient de détrôner la Chine pour devenir le premier partenaire commercial des Etats-Unis. Du coup, la part de marché des exportations chinoises aux Etats-Unis a baissé de 22 % en 2017 à 16 % désormais. Il s’agit d’une baisse très importante qui montre que la machine du découplage « fonctionne à plein régime », notent les analystes. Cependant, les commentateurs chinois ne lâchent pas prise. « Il est très difficile d’ignorer la Chine », écrit le South China Morning Post, un journal propriété du groupe Alibaba, basé à Hong Kong. Le journal, qui défend la place de la Chine au sein de la supply chain mondiale, rapporte, en citant Bain & Co’s data, un cabinet mondial de conseil, que la Chine représente 15% des revenus du top 200 des multinationales internationales.
Il s’agit, d’après le commentateur du journal, d’un chiffre qui « illustre l’importance de la Chine et les opportunités qu’elle offre pour les investisseurs étrangers, en dépit des défis et des risques géopolitiques ». Les analystes chinois s’insurgent, tambour battant, contre les tentatives d’isoler la Chine notamment dans son propre voisinage à travers des mécanismes multilatéraux entre les USA et les pays de la région, en particulier l’Inde. Les tentatives de découplage « sont une menace pour la sécurité des chaines mondiales de distribution », indique Wu Zhicheng, directeur de l’institut de la stratégie internationale au sein de l’académie chinoise de la gouvernance. Ces analystes argumentent que la Chine saura naviguer dans un tel environnement incertain, avec à l’appui une reprise économique en vue. Le Fonds monétaire international a récemment indiqué que l’économie chinoise devrait croître de 5,4 % en 2023, un taux plus rapide que les 3 % de 2022, lorsque le pays était soumis à des restrictions et des confinements dans le cadre de la très sévère politique zéro Covid. La Banque mondiale estime, quant à elle, que la dynamique économique chinoise pourrait ralentir à 4,5 % en 2024, car les mesures de relance n’ont pas encore réussi à convaincre. Le taux n’est pas suffisant pour permettre à la Chine, pays déjà confronté à une inquiétante crise de l’immobilier, de poursuivre sa montée en puissance face au géant américain, notent les analystes, soulignant que les nuages d’incertitude devront continuer à planer sur les relations sino-américaines durant les longs mois qui viennent.