Sarkozy promet des représailles après la mort de l’otage français au Sahel
Le président Nicolas Sarkozy a confirmé lundi « l’assassinat » de l’otage français Michel Germaneau au Sahel, revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), promettant que cet « acte barbare » ne resterait pas impuni.
"Ils ont assassiné de sang froid une personne de 78 ans, malade, à qui ils ont refusé de faire parvenir les médicaments dont elle avait besoin", a-t-il déclaré dans une intervention télévisée.
"Je condamne cet acte barbare, cet acte odieux qui a fait une victime innocente qui consacrait son temps à aider les populations locales", a-t-il ajouté à l’issue d’une réunion d’un conseil de sécurité et de défense réunissant des responsables ministériels et du renseignement.
Il est rarissime que des otages français meurent en détention, Paris réussissant généralement à faire libérer ses ressortissants.
AFP
Les derniers sont les sept moines trappistes de Tibéhirine, en Algérie enlevés au printemps 1996 par le GIA (Groupe islamique armé) et tués deux mois plus tard. Les circonstances de leur mort n’ont pas été éclaircies.
Sinon, il faut remonter à 1985 avec la mort au Liban du sociologue Michel Seurat, enlevé et éxécuté par le Djihad islamique alors qu’il était malade. Trois autres otages du même groupe seront libérés en 1988.
Un autre otage français de l’Aqmi, Pierre Calmatte, séquestré pendant trois mois au Mali, avait été libéré en février dernier, après la libération par Bamako de quatre islamistes.
Le chef d’Aqmi Abou Moussab Abdel Wadoud, avait annoncé dimanche soir sur la chaîne Al-Jazira que le groupe avait "exécuté" la veille Michel Germaneau, enlevé au Niger en avril, "pour venger (…) six frères tués dans la lâche opération de la France", aux cô tés des forces mauritaniennes contre une unité de l’organisation djihadiste au Mali.
"Sarkozy a échoué à libérer son compatriote par cette opération mais il a sans aucun doute ouvert pour lui, pour son peuple et pour son pays l’une des portes de l’enfer", avait prévenu le chef de l’Aqmi.
La France avait participé jeudi avec 20 à 30 hommes au raid qui, selon les autorités mauritaniennes, aurait fait sept morts parmi les membres d’Aqmi.
La mort de l’otage français a fait l’objet de nombreuses condamnations dont celles de Washington et de l’Union européenne qui ont dénoncé un "acte odieux".
Une messe a eu lieu à sa mémoire en la cathédrale Notre Dame de Paris.
Enlevé le 19 avril dans le nord du Niger, puis tombé entre les mains d’Aqmi, l’otage était détenu au Mali par une cellule dirigée par l’Algérien Abdelhamid Abou Zeïd qui avait déjà tué, il y a 13 mois, un otage britannique, Edwin Dyer.
"Ce crime commis contre Michel Germaneau ne restera pas impuni", a promis le chef de l’Etat français.
Il a envoyé le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner dans la région pour examiner avec les autorités locales et les ambassadeurs de France les mesures de sécurité à prendre pour les Français.
Le chef de la diplomatie française arrivé à Nouakchott lundi soir a indiqué que les "efforts communs" de la France et de la Mauritanie "vont se poursuivre" dans la lutte contre "les terroristes". Il se rendra ensuite au Mali et au Niger.
Paris négocie le plus fréquemment, contrairement à Washington et Londres, mais a su choisir l’option armée en 2008 et 2009 pour libérer des otages français capturés par des pirates au large des cô tes de Somalie.
Trois Français sont encore otages à l’étranger depuis la fin 2009: un agent des renseignements en Somalie et deux journalistes en Afghanistan.
Prenant les menaces de l’Aqmi au sérieux, le ministre de l’Intérieur français Brice Hortefeux, a déclaré que la menace terroriste en France est "réelle" et que le plan "Vigipirate" (anti-attentats) "reste au rouge".