Retraites/France: des amendements symboliques et un incident de séance à l’Assemblée
Toujours au ralenti, l’Assemblée nationale a ajouté dimanche quelques objectifs symboliques à la réforme des retraites, comme la garantie d’un « niveau de vie digne » pour les retraités, dans une journée marquée par un incident entre Olivier Faure (PS) et le président de l’Assemblée Richard Ferrand (LREM)
La concorde le matin et la discorde le soir. Dans un rare moment d’harmonie sur ce projet de loi, les députés ont adopté durant la matinée un amendement gouvernemental fixant symboliquement un « objectif de garantie d’un niveau de vie satisfaisant et digne aux retraités » dans les principes généraux du système universel des retraites, objet de l’article 1 que les députés sont toujours en train d’examiner.
C’est le communiste Stéphane Peu qui avait plaidé au départ pour l’inscription symbolique du terme « digne » dans ces objectifs. Dans une « volonté de compromis et d’accélération de nos travaux », le secrétaire d’Etat Laurent Pietraszewski a proposé d’allier « satisfaisant » et « digne » dans la formulation de l’amendement gouvernemental.
En fin d’après-midi, les députés ont repris deux amendements votés en commission. Le premier, à valeur symbolique, souligne le caractère « solidaire » des cotisations et contributions retraite. Le second, soutenu par la gauche, insiste sur la prise en compte « des gains de productivité » dans le pilotage du système des retraites.
Le soir, ils ont adopté un ultime amendement de Thierry Benoît (UDI), symbolique encore, pour se fixer « un objectif de confiance des jeunes générations dans la garantie de leurs droits à retraite futurs ».
Des moments de tension ont aussi émaillé cette septième journée sur les retraites dans l’hémicycle.
Le plus important a opposé en fin de soirée le premier secrétaire du PS Olivier Faure au président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand (LREM) au sujet de la commission d’enquête réclamée par le PS sur la « sincérité » de l’étude d’impact accompagnant la réforme.
A plusieurs reprises, Olivier Faure a pris la parole pour demander pourquoi la Garde des Sceaux Nicole Belloubet n’avait pas été saisie de cette demande de commission d’enquête, jusqu’à réclamer avec insistance à Richard Ferrand une copie du courrier adressé à Mme Belloubet.
« Croyez-vous que je vous mente ? Tout de même, ça fait deux fois que je vous dit que ce foutu courrier est parti », a fini par rétorquer Richard Ferrand, en coupant le micro de M. Faure.
Olivier Faure s’est emporté hors micro et pendant la suspension de séance. « On est où là ? », « c’est quoi ça ? », ont réagi plusieurs députés dans l’hémicycle, pour protester contre le ton du dirigeant socialiste.
A la reprise des débats, M. Ferrand a transmis « la copie du courrier du 18 février », adressé à Mme Belloubet. « Je considère que l’incident est clos. (…) Mais vous devez à tout le moins des excuses au président de l’Assemblée nationale pour avoir mis en doute son honnêteté ».
« Dont acte, l’incident est clos. Demain nous vérifierons auprès de Mme Belloubet quelles sont les raisons pour lesquelles elle n’a pas encore répondu », a réagi Olivier Faure.
Durant la journée, la majorité a encore reproché aux insoumis et aux communistes de « bloquer » l’Assemblée avec leurs milliers d’amendements, « une logorrhée antiparlementaire », selon le rapporteur Nicolas Turquois (MoDem).
« Vous voulez une opposition qui ne s’oppose pas ? (…) Buvez un bon coup, respirez un bon coup, ça ira mieux après », a répondu Jean-Luc Mélenchon (LFI), en critiquant la tentation « autoritaire », voire « totalitaire » des LREM, pendant que le communiste Fabien Roussel accusait la majorité de vouloir « raser l’Assemblée ».