Rached Ghannouchi, le fossoyeur du Maghreb

Quelle mouche a piqué le chef du parti islamiste tunisien Ennahda et président du parlement Rached Ghannouchi pour émettre une proposition  aussi incongrue, aussi irréaliste, aussi ouvertement provoquant que celle de penser construire l’unité du Maghreb arabe entre trois pays, Tunisie, Libye et Algérie, sans la Mauritanie et le Maroc ?

Même si cette idée ne fera pas long feu et sera assez vite chassée des annales de l’actualité, son importance réside dans ce qu’elle révèle dans la stratégie de la démarche du parti islamiste tunisien et son indéboulonnable chef Rached Ghannouchi.

Depuis le début de sa carrière politique, Ghannouchi est passé maître dans l’art du double langage, l’hypocrisie portée à son zénith, l’opportunisme à toute épreuve. Son parti islamiste ne cache pas ses liens avec la confrérie des frères musulmans. Il avait chevauché et profité du mouvement contestataire à l’origine de la chute du régime Ben Ali pour accéder au pouvoir.

Durant la période politique transitoire où le parti Ennahda faisait la pluie et le beau temps, la Tunisie avait vécu une des séquences les plus dangereuses et les plus sanglantes de son histoire.  Son appareil sécuritaire a subi de dramatiques infiltrations avec des purges ciblées qui l’ont considérablement affaibli. Conséquences: des attentats terroristes et des assassinats politiques ont ensanglanté la la Tunisie. Le nombre de candidats tunisiens qui ont rejoint l’organisation de l’Etat islamique avait battu tous les records faisant de la Tunisie un des principaux fournisseurs de djihadistes à l’organisation terroriste Daech.

Quand les Tunisiens sont revenus de leurs illusions, de nombreuses voix avaient demandé des comptes au Parti Ennahda et à son chef pour sa captation coupable de la colère populaire, pour sa gestion catastrophique des questions sécuritaires et économiques du pays, Ghannouchi avait fait profil bas. Si bas qu’il était prêt à partager le pouvoir et même à le céder temporairement pourvu qu’on ne  lui demande pas de compte ou qu’on ne  lui fasse  pas vivre le triste destin du président égyptien Mohamed Morsi.

Pour sortir de cette impasse où les Tunisiens et la communauté internationale demandaient des comptes, Rached El Ghannouchi , le chef islamiste Tunisien a dû déployer des trésors d’hypocrisie et de ruses pour échapper aux poursuites politiques et judiciaires.

Aujourd’hui même s’il fait partie du pouvoir en campant la posture de faiseurs de carrières, Rached Ghannouchi est cible permanente des critiques. Ses opposants , de plus en plus nombreux audibles,  lui reprochent sa stratégie maléfique qui consiste à tout faire, à tout oser, pour simplement se maintenir dans le spectre du pouvoir et s’éviter ainsi l’inévitable exigence  de comptes .

Dans sa stratégie pour se maintenir au pouvoir à n’importe quel prix, Rached El Ghannouchi a déjà eu l’occasion de provoquer une vive polémique lorsqu’au nom de ses liaisons frèristes  avec le président turc Tayeb Erdogan, il avait proposé de transformer  la Tunisie en base militaire arrière de la Turquie pour  déployer à son aise son agenda politique en Libye.

Aujourd’hui, Rached El Ghannouchi se livre à une véritable danse du ventre devant le régime algérien.  En lançant une proposition aussi saugrenue que la formation de ce mini Maghreb amputé du Maroc et de la Mauritanie, Ghannouchi profite du timing et des circonstances qui mettent de la pression sur le régime algérien dans l’affaire du Sahara marocain pour lui venir en aide et lui assurer une respiration régionale. Mais qui mieux que Ghannouchi sait que son idée ne verra jamais le jour. Plus que n’importe quel homme politique tunisien, il sait qu’à travers cette posture il peut espérer bénéficier des cordes de la bourse d’un régime algérien aux abois qui compte ses soutiens sur les doigts de la main.

Rached El Ghannouchi s’est joint aux fossoyeurs du Maghreb arabe uni. Ceux qui, au lieu de chercher à éliminer les obstacles qui se dressent devant sa réalisation en commençant par ce conflit du Polisario artificiellement entretenu par les militaires algériens, multiplient les complications pour reporter aux calendes grecques les rêves unitaires de ses populations.

Ghannouchi a clairement choisi son camp, celui de la division et de la discorde. La seule bonne nouvelle dans cette affaire est que sa carrière politique est en train de connaître un inévitable crépuscule. Et que ses idées pour déconstruire  comme ses faits d’armes pour s’emparer des combats légitimes du peuple tunisien ne seront bientôt qu’un lointain mauvais souvenir.

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