La presse quotidienne française et européenne s’intéresse ce jeudi à la présidentielle en France, au lendemain du débat qui a opposé le président sortant Emmanuel Macron et la présidente du RN Marine Le Pen.
Dans cette réédition du duel de 2017, M. Macron est toujours crédité de 54 à 56,5% des intentions de vote contre 43,5 à 46%, bien loin des 66,1 % de son élection.
En France, le quotidien Le Monde aborde le débat télévisé d’entre-deux-tours qui a opposé mercredi soir les deux candidats à la présidence, relevant que cinq ans après leur débat de 2017, Emmanuel Macron et Marine Le Pen se retrouvent à nouveau face à face.
Les deux candidats ont entretenu cette opposition, autant par intérêt électoral que par conviction d’une recomposition politique, estime le quotidien sous le titre « Macron, une avance fragile en vue du second tour.
Le débat de mercredi soir constitue une première depuis le duel qui opposa Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand, en 1981, rappelle le journal, remarquant que les deux protagonistes le souhaitaient, même si le chef de l’Etat s’en est défendu.
Depuis cinq ans, le fondateur de La République en marche (LRM) et celle du Rassemblement national (RN) substituent au clivage droite-gauche l’opposition entre les et les « progressistes » « populistes », selon les mots d’Emmanuel Macron. «Progressistes» contre «nationalistes», dit-il aussi, en opposant « un projet d’avenir » à une France de la « nostalgie ». « Un duo plus qu’un duel », s’agaçait, en 2021, le président du parti Les Républicains, Christian Jacob, note le journal, pour qui le résultat du premier tour, le 10 avril, a entériné ce périlleux tête-à-tête.
Et de souligner que tout au long du quinquennat, le président de la République et la députée du Pas-de-Calais se sont désignés comme meilleurs adversaires mutuels, utilisant les crises successives pour poser les jalons de leur duel à venir.
L’enquête d’opinion Ipsos-Sopra Steria pour « Le Monde », le Cevipof et la Fondation Jean Jaurès donne un avantage au président sortant, avec 56 % des intentions de vote, contre 44 % à sa rivale, fait observer la publication, estimant que cet écart repose en partie sur un vote barrage, sans enthousiasme de la part des électeurs de gauche.
« Macron à l’attaque, Le Pen en défense », résume le quotidien populaire Le Parisien, tandis que pour Le Figaro « Macron domine, Le Pen tient le choc ». Selon le journal de droite, « ce qui ressortait de cette conversation vigoureuse, parfois agressive, mais toujours intéressante, c’est un antagonisme irrémédiable ».
Le Figaro y consacre son éditorial, en soulignant que le débat confronte des incarnations; un « président agile, séducteur au risque d’être prolixe ; une prétendante maternante qui sourit quand elle hésite ».
« La rhétorique, ensuite, ce plaisir de l’esprit, révèle les caractères et les intelligences », martèle le commentateur, relevant toutefois que derrière ce flot de mots, d’ »enjeux majeurs », de « nouveaux paradigmes », de « propositions puissantes » apparaissent les inquiétudes et les espérances d’une large partie du pays.
Il s’agit aux yeux du commentateur, d’une nation fragmentée par de multiples frontières. À celles, déjà connues, qui séparent les territoires conquis de l’islamisme du reste de la France s’ajoutent ces lignes invisibles qui dissocient les citoyens hantés par les signes de déclassement (ils forment le gros des électeurs de Marine Le Pen) et ceux qui s’accommodent volontiers des transformations profondes de la société (l’électorat Macron), observe-t-on.
Et de noter que le syntagme « pouvoir d’achat » en tant qu’élément central de cette distinction, se cristallise depuis quelques mois sur l’essence mais, avant même l’inflation, il rappelait aux premiers qu’ils ne peuvent accéder, dans l’immobilier mais aussi dans la consommation courante, à ce qui fait la vie quotidienne des seconds.
L’affrontement entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen exacerbe cet antagonisme au risque d’entretenir dans les deux camps une préoccupante exaspération, renchérit le journal.
La presse belge détaille également les positions des deux candidats sur les sujets qui intéressent le plus les Français et qui cristallisent toute l’attention. Le débat a opposé un Emmanuel Macron souvent offensif accusant régulièrement sa rivale de « contrevérités » et une Marine Le Pen distillant ses piques, résume L’Avenir.
Alors que le second tour de l’élection présidentielle française, prévu ce dimanche, s’approche à grands pas, le débat de ce mercredi soir était le point d’orgue de la campagne, relève le journal, notant que les Français ont pu se faire une opinion des principaux dossiers sur lesquels les deux candidats sont en désaccord, dont l’énergie, la laïcité, ou encore la politique internationale.
Sous le titre ‘’Présidentielle 2022: Macron domine Le Pen dans un débat à couteaux tirés’’, Le Soir écrit que ‘’certains avaient prédit un débat au goût de tisane. Emmanuel Macron et Marine Le Pen ayant chacun plus à perdre qu’à gagner à quatre jours du deuxième tour d’une présidentielle qui reste incertaine, l’un et l’autre seraient sagement restés en fond de court pour ne pas prendre le risque d’une volée hasardeuse. Il n’en a rien été’’.
‘’Les deux finalistes de la présidentielle ne se sont pas épargnés. Pas du tout. Et dans la confrontation, c’est le président sortant, largement dominant sur le fond, qui s’est montré le plus mordant, mettant régulièrement, comme en 2017, son adversaire en difficulté. Evitant l’humiliation totale comme il y a cinq ans mais sans s’empêcher souvent de lui faire à nouveau la leçon’’, estime le quotidien.