Pour gagner encore plus, la Chine délocalise en Afrique

Pour gagner encore plus, la Chine délocalise en Afrique
Pour économiser sur les salaires, de plus en plus de firmes chinoises s’implantent en Éthiopie, où elles font fabriquer par de la main d’oeuvre locale des produits destinés à l’exportation. Pour le pays africain, c’est l’opportunité de diversifier son économie, largement agricole.

Dans le ronronnement continu des machines, une centaine d’ouvriers éthiopiens découpent sans relâche du cuir, enfilent des lacets et collent des semelles, sous la supervision de contremaîtres chinois. Avec cette usine, des entrepreneurs chinois entendent bénéficier du faible coût de la main d’oeuvre africaine et de la matière première, le cuir, pour fabriquer des chaussures qui seront vendues en Europe et aux États-Unis. L’usine de Huajian est installée à Dukem, à 30 km au sud d’Addis Abeba, dans une zone industrielle en plein développement, la première construite en Éthiopie par des capitaux chinois.

Après s’être concentrée sur la construction d’infrastructures et l’exploitation des matières premières, notamment le pétrole, en Afrique, la Chine commence à y chercher des coûts salariaux avantageux pour son industrie. Quant à l’Éthiopie, elle y gagne une diversification bienvenue pour son économie largement agricole.

Une fois achevée en 2014, pour un coût de 250 millions de dollars, la zone industrielle, dont la construction a commencé en 2009, doit regrouper plus de 80 usines et créer 20 000 emplois. Pour l’heure, elle compte plusieurs rangées de bâtiments de trois étages abritant six usines à capitaux chinois, dont, outre celle de Huajian, une chaîne de montage automobile et une fabrique de plastique.

Dans l’usine Huajian, Teju Edek, 22 ans, contrôleur qualité, payé 30 dollars par mois, se plaint que « le salaire est trop bas ». Il dit travailler ici surtout pour « développer ses connaissances technologiques » et ajoute que, s’il pourrait gagner plus dans des usines éthiopiennes, il n’y apprendrait pas autant.

Pour ce pays qui compte parmi les plus pauvres de l’Afrique avec un PIB de 325 dollars par habitants et par an, l’installation de ces usines et une priorité pour lutter contre le sous-développement. Mais ces usines pourraient bien incarner à terme un autre enjeu : celui de la formation des travailleurs éthiopiens et du transfert de technologies. Avec une population travaillant encore à 80% dans l’agriculture, l’Ethiopie veut faire des investissements étrangers une porte d’entrée vers la transition industrielle.

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