Nabil Al-Arabi, né en 1935, remplace au poste de secrétaire général de l’organisation Amr Moussa qui l’avait déjà précédé pendant dix ans à la direction de la diplomatie égyptienne. Amr Moussa avait lui-même succédé, en 2001, à un autre ancien ministre des affaires étrangères égyptien, Ahmed Asmat Abdel Mégib, passé du siège de la diplomatie à celui de la Ligue, tous deux situés sur la même rive du Nil, au Caire. Désormais libre de tout engagement, M. Moussa pourrait se présenter à la prochaine élection présidentielle égyptienne.
COHABITATION DÉLICATE
A la différence de ses prédécesseurs, la nouvelle "voix des Arabes", pour reprendre le nom de la radio en vogue aux grandes heures du nassérisme, ne tient pas sa désignation d’un raïs égyptien omnipotent. Cette particularité pourrait ouvrir à Nabil Al-Arabi des marges de manœuvre au sein d’une organisation que l’effacement progressif du président renversé en février, Hosni Moubarak, avait contribué à affaiblir.
Quelle sera la politique conduite par M. Al-Arabi ? Elle dépendra en grande partie de la capacité des régimes des Etats membres à sceller des compromis nécessaires. Déjà délicat en temps ordinaire dans un aréopage perclus de clivages, cet exercice sera rendu plus difficile par les "printemps arabes" en cours.
Ce club de vingt-deux membres qui regroupait jusqu’à présent des régimes presque uniformément autoritaires risque de voir en effet cohabiter des dictatures de facture classique (si elles parviennent çà et là à éteindre les contestations), des monarchies absolues, parlementaires, et des systèmes plus démocratiques si les révoltes tunisiennes et égyptiennes portent leurs fruits.
RÉOUVERTURE DU POINT DE PASSAGE DE RAFAH
Comme toujours, des consensus de circonstance pourront être trouvés sur la cause palestinienne. A ce titre, le court passage de M. Al-Arabi, spécialiste du droit international, au ministère des affaires étrangères de l’Egypte n’est pas sans enseignement. C’est lui qui a annoncé, le 29 avril, l’intention des autorités égyptiennes de rouvrir le point de passage de Rafah entre son pays et la bande de Gaza.
Cette fenêtre sur l’extérieur s’était refermée la plupart du temps après la prise de contrôle du Hamas, en juin 2007, au grand dam de l’opinion publique égyptienne. Cette mesure témoigne de la volonté du nouveau pouvoir égyptien d’avoir sa propre politique vis-à-vis des Palestiniens, plus indépendante des considérations israéliennes que par le passé.
L’accord conclu par la suite entre les deux principales factions palestiniennes, le Fatah et le Hamas, en est une tout autre illustration. Sur ce point au moins, la continuité sera totale entre le nouveau secrétaire général et son prédécesseur, fort peu apprécié en Israël.