Maroc : Un marathon pour la science

Maroc : Un marathon pour la science
Dimanche 4 avril débute la 25e édition du Marathon des sables au Maroc. Parmi le millier de participants inscrits figurera sur la ligne de départ un chercheur français de l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (INRIA), Guillaume Chelius, qui sera équipé de capteurs de la tête aux pieds.

Une expérience inédite, mais dans quel but ? Le principal intéressé a bien voulu répondre aux questions de MetroFrance.com.

En quoi consistera concrètement cette expérience à laquelle vous allez vous livrer ?
Dans les faits, c’est une course de 250 km en six étapes, sur une durée de sept jours dans la chaleur du désert marocain. Nous serons en autosuffisance, c’est-à-dire que nous partons avec le matériel pour toute la semaine dans un sac à dos : nourriture, duvet, tapis…. sauf l’eau qui est fournie par les organisateurs. Voilà pour l’aspect sportif.

Plus personnellement, mon projet, c’est de réaliser une expérience en tant que chercheur de l’INRIA. Je porterai 16 capteurs sur moi tout le long de la course, afin de relever des paramètres environnementaux, tels que la température ambiante ou la nature du sol, et des paramètres biomécaniques de mouvement. Le mouvement de chacun de mes membres sera étudié, mes tibias, mon tronc, mes bras, ma tête, l’impact de mes pieds dans les chaussures… L’idée étant d’étudier les réactions du corps humain dans des conditions aussi extrêmes.

Qu’est-ce qui vous a poussé à y prendre part ?
C’est d’abord une motivation sportive, car je suis coureur, et c’est une course mythique qui me faisait rêver. D’un point de vue scientifique, j’étais très intéressé de voir si le matériel pouvait fonctionner dans un tel contexte, et les analyses que l’on pourrait faire à partir des capteurs. Les domaines d’application seraient nombreux.

Cela nous aiderait à placer des capteurs sur un animal en migration, voire un pingouin sur la banquise. Cela pourrait aussi servir à l’amélioration de la performance sportive, pour des entraîneurs et des équipementiers, ainsi qu’à assister le mouvement des personnes handicapées. Plein de données pourraient être réutilisées.

Qui en est à l’origine ?
L’idée est venue de moi, en tant que coureur, il y a dix mois. Mais comme il s’agit d’un projet de recherche, qu’on ne peut jamais réaliser seul, j’en ai parlé à des gens de l’INRIA, notamment à des ingénieurs à Grenoble et à des chercheurs de Montpellier qui travaillent sur l’aide aux handicapés. J’ai aussi contacté Salomon, un équipementier sportif, qui a bien voulu nous aider à intégrer les capteurs dans les équipements.

A quelques heures du départ, comment appréhendez-vous la course ?
Avec stress et angoisse, principalement dus à l’inconnu du sportif. Je n’ai jamais couru dans de telles conditions et c’est la première fois que je participe à cette course. L’angoisse vient également de mes espoirs que les capteurs vont fonctionner, et que les données pourront être exploitées. Bref, il est temps de partir et que tout cela commence

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