Maroc : Héros de bac à sable
A l’origine de l’engouement pour les épreuves extrêmes, le Marathon des Sables entretient son mythe depuis 25 éditions. Pas besoin pourtant d’être un surhomme pour en venir à bout.
De dimanche à samedi, ces participants qui auront eu la chance de pouvoir s’inscrire (beaucoup de demandes refusées malgré le budget important nécessaire – compter un minimum de 4000 euros dont près de 3000 pour l’inscription- 2000 Anglais étaient sur liste d’attente) seront en autosuffisance alimentaire. Seule l’eau leur sera fournie par les organisateurs. Quatre bouteilles à l’arrivée de chaque étape, deux au départ puis une ou deux à chaque contrôle de passage, tous les 15 kilomètres environ. Le reste de leur alimentation, essentiellement sous forme de nourriture lyophilisée, ils le porteront sur leur dos toute la course, tout comme leur duvet et leur matériel de sécurité obligatoire (balise de détresse, couverture de survie, aspi-venin, sifflet, etc).
Un projet sur plusieurs années pour certains, un défi personnel pour beaucoup. Une quête d’autre chose, d’ailleurs. Un besoin de couper avec le rythme de la vie quotidienne aussi et parfois la nécessité de se retrouver seul avec soi-même pour faire le point et remettre les choses de sa vie dans le bon ordre. « Plus qu’une épreuve de course à pied, c’est un moment de vie très particulier, racontait l’an dernier dans L’Equipe Paul Le Guen, l’actuel sélectionneur du Cameroun, participant de l’édition 2006 (lien ICI). Il n’y a plus rien, plus de sonnerie de téléphone. On déconnecte complètement de la vie normale. C’est une épreuve marquante dont on ne revient pas tout à fait pareil. »
Mais d’un point de vue purement sportif, rien de surhumain. Même s’il y en aura toujours pour se faire mousser, terminer le Marathon des Sables n’est pas un exploit surhumain. Contrairement à l’image souvent véhiculée par les médias. A la télé ou dans les magazines, on raconte et on montre bien évidemment le côté spectaculaire, les défaillances, les conditions extrêmes, les énormes ampoules sous des pieds ruinés par le frottement du sable. Certes, tout cela existe. Mais pour une grande majorité des participants, le MDS se passe sont trop de dégâts. Avec des barrières horaires très larges, la marche suffit à rejoindre le bivouac avant la fermeture de la ligne d’arrivée.
Une épreuve avant tout mentale
Que l’on ne s’y méprenne pas, il n’est pas non plus question de dire ici que cela est facile. Surtout si l’on aborde l’épreuve avec de réels objectifs chronométriques ou des ambitions en terme de classement. Si la performance physique nécessite un réel entraînement (on ne parcourt pas plus de 250 kilomètres sous la chaleur et dans le sable sans s’y être préparé), le mental reste l’élément essentiel d’une telle aventure. Le mental, c’est savoir gérer les moments de découragement, les tempêtes cérébrales, c’est savoir lutter contre l’irrésistible tentation d’abandonner au prochain point de contrôle, c’est chasser les doutes quand la montagne que l’on s’est fixée au loin comme point d’horizon, semble ne jamais se rapprocher malgré les heures de course qui s’empilent. C’est encore trouver les parades pour ne plus prêter attention aux multiples petites douleurs. Pas de quoi néanmoins entretenir le mythe du « héros revenu de l’enfer » (est-il d’ailleurs opportun d’employer le terme de « héros » quand on parle de sport ?).
Malgré tout, le MDS reste une référence et un rendez-vous magique. Par ses paysages traversés dans ce désert sud marocain, par ses multiples rencontres de coureurs venus du monde entier avec qui vous partagez bien plus que quelques foulées au coeur des dunes. Des anonymes qui le temps d’une étape en commun vous racontent leur vie, se confient, histoire de faire passer le temps un peu plus vite et d’oublier tous les petits (ou gros) bobos. Cette semaine, plus de 1000 veinards vont vivre cette grande aventure. Une aventure avant tout très personnelle et qui continuera encore longtemps de faire rêver.
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