Macky Sall, le quatrième président du Sénégal face à d’énormes défis

Après une victoire aux allures d’un plébiscite populaire, Macky Sall, le quatrième président du Sénégal qui vient de prêter serment lundi, se trouve face au défi de redresser la situation de son pays, un modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest, qui aspire à s’assurer un véritable développement pour accéder au rang des pays émergents.

De la relance de l’agriculture à la création d’une couverture médicale en passant par les promesses d’eau potable et d’électricité pour tous, la bonne gouvernance, la lutte contre les disparités sociales et la pauvreté, autant de défis que le nouveau président sénégalais doit relever dans une conjoncture socio-économique difficile. .

Macky Sall qui a sillonné le pays depuis quatre ans dans une campagne méthodique et de longue haleine, est conscient des attentes et de la multitude des chantiers à initier en urgence. "L’ampleur de cette victoire aux allures de plébiscite exprime l’immensité des attentes de la population, j’en prends toute la mesure. Ensemble, nous allons nous atteler au travail", a-t-il dit dans sa première déclaration après l’annonce de sa victoire.

Libéral convaincu, Macky Sall ne remettra guère en question le choix stratégique de l’ouverture de l’économie sénégalaise, initiée avec force depuis l’avènement des libéraux au pouvoir en 2000 après quatre décennies de régime socialiste.

En déclinant son programme, cet ingénieur géologue de 51 ans, se propose plutôt de redresser la barre. Il s’est exprimé sur ses priorités, notamment la lutte contre la pauvreté dans un pays où une grande majorité des 13 millions d’habitants vit au dessous du seuil de pauvreté.

Dans ce pays qui "va très mal", comme l’affirmait Macky Sall durant la campagne électorale, la baisse des prix des denrées de première nécessité est en tête de liste des mesures promises.

Avec les femmes et les jeunes, le monde rural a été brandi comme l’une des grandes priorités de Macky Sall pour placer le pays sur la voie du développement. Le monde rural devrait se voir doter d’un investissement massif de 2.000 milliards de francs CFA (3 milliards d’euros). "Le modèle économique du pays n’est pas suffisamment productif pour nous permettre de créer les emplois et les richesses nécessaires à notre développement", a-t-il expliqué.

D’autres investissements de taille sont à l’ordre du jour. Ils devraient se concrétiser par la construction de 6 pô les de développement économique, grâce à un fonds souverain doté de 250 milliards de francs CFA (380 millions d’euros) pour renforcer les moyens des entreprises et industries à haut potentiel (cimenterie, BTP, agro-industrie, télécoms, assurance, etc. ). Un intérêt particulier est accordé aussi au secteur électrique pour remédier aux délestages qui plombent l’économie du pays.

A la différence de son prédécesseur Abdoulaye Wade qui avait ciblé sa campagne sur les infrastructures, Macky Sall insiste largement sur le volet social. Dans ce domaine, la création d’une caisse autonome de protection sociale universelle (Capsu) dotée de 120 milliards de francs CFA (183 millions d’euros) pour alimenter la couverture maladie universelle et la bourse de sécurité familiale devrait être entièrement financée par les économies promises sur le train de vie de l’Etat.

En effet, la bonne gouvernance et le redressement des finances publiques ont été souvent évoqués par Macky Sall. Lors de sa campagne, il avait promis de rationnaliser les dépenses de l’Etat afin de réaffecter les moyens pour des secteurs prioritaires. Pour y parvenir, il envisage de revoir rapidement la gouvernance pour affecter des fonds aux secteurs prioritaires. Entre autres mesures, il compte alléger le budget de fonctionnement de l’Etat par la réduction des représentations diplomatiques du Sénégal à l’étranger et porter à moitié l’effectif de l’équipe gouvernementale, qui compte actuellement une quarantaine de ministères.

Côté institutions et démocratie, le nouveau président a fait la promesse solennelle de renforcer la Constitution du pays et d’immuniser les dispositions garantes des fondements de la démocratie. Lors de sa campagne il s’est engagé à introduire une réforme de la loi fondamentale pour réduire la durée du mandat présidentiel de sept à cinq ans avec une limitation à deux mandats successifs.

Avec l’élection présidentielle de 2012, le Sénégal a assuré son ancrage dans la démocratie avec une alternance pacifique saluée à l’unanimité par la communauté internationale. Si le Sénégal a conservé le triple A de sa démocratie qui fait exception en Afrique de l’Ouest, le nouveau président aura comme véritable enjeu le défi d’asseoir cette démocratie sur de solides bases économiques à même de la prémunir des périls ayant souvent pour berceau: la pauvreté et les disparités sociales.

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